CHAPITRE VI
La Religion.
1. Le Bon, religion primitive des Tibétains. — Ainsi qu’on a pu s’en rendre compte par les chapitres précédents, intérêt géographique et commercial à part, le Tibet ne mériterait pas plus notre attention que n’importe quelle autre région à demi civilisée, si ce n’était la situation religieuse toute particulière que le Bouddhisme a faite à ce pays en s’y implantant, comme jadis le Christianisme à Rome, et en en faisant le siège d’une théocratie absolue, sans autre exemple dans le monde, personnifiée dans le Dalaï-Lama qui étend le rayonnement de son autorité divine sur une partie de la Chine occidentale, sur la Mongolie, sur les Bouriates de Sibérie et, jusque dans la Russie, sur les Kirghises et une partie des Cosaques du Don.
Cependant, bien que religion dominante et en pleine possession de la puissance temporelle aussi bien que spirituelle, le Bouddhisme ne règne pas seul au Tibet. De nos jours encore une antique croyance indigène, bien déchue à la vérité, appelée Bon [1] ou Bon-pa (secte Bon), vit côte à côte
- ↑ Ce mot doit se prononcer Peun, selon M. l’abbé Desgodins (Mission du Thibet, p. 210), ou Pon, d’après Sarat Chandra Dâs (Journal of the Buddhist Texts Society of India, 1893. appendix).