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nom des Tch’yi-dar « Bouddhisme postérieur » et que les Européens appellent Lamaïsme.

3. Le Lamaïsme. — Les Sectes tibétaines. — Le Bouddhisme, importé au Tibet par les collaborateurs de Thoumi Sambhota, par Çânta Rakchita, Padma Sambhava et ses illustres successeurs, ne ressemblait plus guère à celui que Çâkyamouni avait prêché dans l’Inde mille ans auparavant. Ce qui n’était d’abord qu’une simple doctrine philosophique du salut par le renoncement au monde, la méditation, surtout par l’acquisition de la science de l’inanité et de l’inexistence, au point de vue absolu, de l’univers périssable, composé d’éléments s’agrégeant et se désagrégeant sans cesse, fille audacieuse des antiques Oupanichads et du matérialisme Sânkhya, qui ne se séparait en réalité du Brâhmanisme que par le rejet de l’autorité des Védas, la négation de l’immortalité et de la toute puissance des dieux, de l’utilité et de le l’efficacité des sacrifices, s’était vite transformé en une religion après la mort, ou le Nirvâna, du Bouddha, par la déification de son fondateur dont la personnalité réelle disparaît sous le mythe, par l’adoration de ses reliques, l’institution d’un culte, et l’autorité infaillible attribuée à ses moindres paroles.

D’un autre côté, à peine le Bouddha était-il mort que des dissentiments s’élevaient dans la communauté des Bhikchous au sujet de règles de discipline, de points de doctrine ou de questions de personnes, dissensions qui provoquaient la réunion de trois conciles[1], partageaient la confrérie en deux groupes hostiles suivant, l’un, la tradition des Anciens ou Sthavîras, l’autre, les idées plus avan-

  1. Concile de Rājagṛhā, 40 jours (?) après la mort du Bouddha ; concile de Vaiçālī, 110 ans plus tard ; concile de Pātaliputra, en 242 avant notre ère. Les Mahāyānistes ne reconnaissent pas ce dernier concile et le remplacent par celui tenu à Jālandhara, sous le nègne de Kaniṣka, vers le milieu du Ier siècle après J.-C.