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BARCOS — BARDESANE

Augustino clare fundatam, illam absolute potest tenere et docere, non respiciendo ad ullam pontifias bullam. Voir Alexandre VIII (Propositions condamnées par), t. i, col. 762. — 5o  Exposition de la foi de l’Église romaine touchant la grâce et la prédestination, avec un recueil des passages les plus précis et les plus forts de l’Écriture sainte, sur lesquels est fondée cette doctrine, in-12, 1696, ouvrage condamné par le Saint-Office, le 24 avril 1697, et de nouveau, le 25 septembre 1703, avec les Instructions sur la grâce, d’Antoine Arnauld. Martin de Barcos était mort le 22 août 1678.

Hurter, Nomenclator literarius, 3e édit., 1893, t. ii, col. 79 sq.

E. Dublanchy.

BARDARINI Joseph, jésuite illyrien, né à Fiume le 8 octobre 1708, admis le 14 octobre 1723, enseigna les belles-lettres, la rhétorique, les mathématiques, la philosophie, la théologie et l’Écriture sainte, fut pénitencier à Lorette, recteur de Goritz, Fiume et Graz. Après la suppression de la Compagnie, il fut nommé chapelain de la cour d’Autriche, chanoine de Fiume, où il mourut le 5 novembre 1791. 1o  Theologicorum dogmatum libri II de peccatis et gratia, in-4o, Graz, 1754 ; 2o  De fide lib. i, 175…

De Backer et Sommervogel, Biblioth. de la Cie de Jésus, t. i, col. 897-898.

C. Sommervogel.

BARDESANE (Bar-Daisan), philosophe, poète et chef d’école syrien. — I. Vie. II. Écrits. III. Doctrine.

I. Vie. — Bardesane est né à Édesse le 11 juillet 154. D’après Michel le Syrien, son père se nommait Nûḥamạ et sa mère Naḥširam. Ils n’étaient pas de race syrienne ; ils avaient quitté la Perse (ou plutôt la Parthie) la quinzième année de Šahrûq, fils de Narsé’, roi de Perse, l’an 455 des Grecs (144 de J.-C.). Ils étaient d’Arbelles dans l’Adiabène selon Théodore bar Khouni. Ils arrivèrent à Édesse sous le règne de Manou VIII (139-163, 167-179).

C’est dans cette ville, près du fleuve Daiṣan qui la traverse, que Naḥširam eut un fils l’an 465 des Grecs (154 de J.-C. ; Élie de Nisibe écrit 134, ce qui nous semble moins probable). Elle le nomma le fils du Daiṣan ou Bar-Daiṣan du nom du fleuve. L’origine étrangère de Bardesane est confirmée par Jules l’Africain, son contemporain, qui l’appelle le Parthe et par Porphyre qui l’appelle le Babylonien. Babylone était alors occupée par les Parthes, et ce furent des tribus nabatéennes qui, sous la protection des Parthes, fondèrent le petit royaume de l’Osrhoène avec Édesse pour capitale ; aussi les parents de Bardesane, Parthes ou Perses, furent bien accueillis à Édesse ; leur fils fut élevé à la cour avec Abgar, fils du roi Manou VIII, et reçut une brillante éducation.

Nous retrouvons les parents de Bardesane à Hiérapolis (Mabûg ou Membidj) où les avaient conduits sans doute les révolutions survenues à Édesse et où ils demeurèrent dans la maison du prêtre Anûdûzbar. Cette ville était adonnée au culte des idoles, Lucien, De Dea syra, et possédait un temple remarquable. Le prêtre adopta Bardesane, l’éleva et lui apprit les cantiques (les sciences) des païens. Ses parents eux-mêmes étaient prêtres païens. Nous pouvons croire que Bardesane apprit alors l’astrologie, indispensable aux prêtres à une époque et dans un pays, où les temples au soleil, à la lune, ou à quelques planètes se rencontraient dans chaque ville. L’esprit de Bardesane se complut dans ces spéculations, comme il le dit plus tard à ses disciples, et il put être ainsi conduit à un système cosmologique, ou, si l’on veut, de philosophie naturelle qui rappelait celui de Valentin ou plutôt des gnostiques astrologues.

À l’âge de vingt-cinq ans, c’est-à-dire en 179, Bardesane entendit par hasard à Édesse la parole de l’évêque Hystaspe, qui expliquait les Écritures au peuple. Il demanda à connaître les mystères des chrétiens, et l’évêque, apprenant son désir, en fit son disciple, l’instruisit, le baptisa et le fit diacre ou prêtre ; cela signifie sans doute qu’il fit partie du conseil de l’évêque ou des presbytres. — En cette année 179 commençait précisément à régner Abgar IX le Grand, fils de Manou VIII (179-216), l’ancien condisciple de Bardesane, aussi celui-ci reprit sa place à la cour, où Jules l’Africain le vit souvent ; il était l’un des plus adroits archers de l’Osrhoène et pouvait, en lançant des flèches, faire le portrait d’un homme, marquant tout le contour du corps et la place des yeux. Sa science, sa force, son adresse et sa situation à la cour le mirent en évidence à Edesse, il compta bientôt parmi ses disciples tous les grands de la ville. Il dut sans doute, dans sa ferveur de néophyte, chercher à adapter au christianisme une partie de ses connaissances antérieures et surtout la mythologie et l’astrologie chaldéennes, « ces sources de tout gnosticisme, » aussi Eusèbe put écrire qu’il ne se débarrassa jamais complètement de son ancienne erreur.

Cependant la sincérité de son christianisme ne peut faire de doute, car il montra que la plupart des dogmes de Valentin n’étaient que des fables ; il fut un contradicteur résolu de Marcion et des autres hérétiques et il écrivit beaucoup en faveur des chrétiens persécutés. Un ami d’Antonin (Caracalla) voulut persuader à Bardesane d’abjurer le christianisme, mais il ne réussit pas et celui-ci fut presque mis au nombre des confesseurs de la foi, dit saint Épiphane, car il défendit la religion, répondit avec sagesse, et dit qu’il ne craignait pas la mort qu’il devrait toujours subir, quand bien même il obéirait à l’empereur. Ce fait concorde bien avec ce que Bardesane dit des chrétiens dans le Dialogue des lois des pays, p. 55.

D’après l’historien arménien Moïse de Khoren, Bardesane évangélisa l’Arménie, sans grand succès d’ailleurs ; « réfugié dans le fort d’Ani, il y lut l’histoire des temples où se trouvaient aussi relatées les actions des rois, il y ajouta les événements contemporains, mit le tout en syriaque, et son livre fut dans la suite traduit en grec. » Hist. arm., t. ii, p. 66. Mais si l’on se rappelle que Moïse de Khoren aime appuyer sa reconstruction de l’histoire ancienne de l’Arménie sur l’autorité d’hommes célèbres par ailleurs, auxquels il prête ainsi ses fictions, cf. Carrière, La légende d’Abgar dans l’histoire d’Arménie de Moïse de Khoren, Paris, 1895, p. 357-414, on aura lieu de craindre qu’il n’ait imaginé cette évangélisation de l’Arménie par Bardesane afin de pouvoir lui prêter la composition d’une histoire d’Arménie et de s’appuyer ensuite sur cette autorité. D’ailleurs un prétendu passage de Bardesane cité par Moïse dérive en réalité de l’histoire d’Agathange. Cf. Carrière, Les huit sanctuaires de l’Arménie païenne, Paris, 1899, p. 28-29. Le témoignage de Moïse est cependant confirmé : 1o  par les Philosophoumena qui appellent Bardesane (Ἀδρησιάνης) l’arménien et 2o  par deux autres historiens arméniens dont nous parlerons plus bas. Nous pouvons voir du moins dans les textes de Moïse de Khoren relatifs à Bardesane un hommage à l’orthodoxie, au zèle et à la renommée de ce dernier.

Enfin Bardesane mourut vraisemblablement à Édesse, à l’âge de soixante-huit ans (en 222). Il eut un fils nommé Harmonius. Voir Bardesanites. Michel lui attribue encore deux autres fils, nommés Abgarûn et Hasdû, dont on ne trouve pas de mention chez les autres auteurs.

Il nous reste à rendre compte d’une tradition divergente : d’après saint Épiphane, Bardesane fut d’abord un homme orthodoxe et composa beaucoup d’écrits tandis qu’il était encore sain d’esprit, mais il tomba plus tard dans l’hérésie des valentiniens. D’après Michel, Bardesane, d’abord païen, se convertit, devint diacre, écrivit contre les hérésies, puis adopta enfin l’enseignement de Valentin. L’évêque d’Édesse qui suc-