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même souvent dans des limites bien plus restreintes. Les anciennes disparaissent pour faire place à de plus récentes ; cependant leur physionomie générale dépend constamment des influences locales et en particulier de l’inclinaison du sol. Ainsi, elles montreront toujours une disposition plus ou moins régulière dans les endroits peu inclinés et seront plus ou moins bouleversées partout où la pente sera très-forte. Comp. les Pl. 1 et 2 avec la Pl. 13.

M. Hugi assure avoir vu une crevasse s’ouvrir spontanément sur le glacier inférieur de l’Aar à quelque distance de sa cabane, c’est-à-dire, en un endroit où la pente du glacier est excessivement faible. Elle parcourait en un instant des distances de dix à vingt pieds. Sa largeur était d’abord d’un pouce et demi ; mais elle se resserra ensuite de manière qu’elle n’avait pas même un pouce de large ; sa profondeur était de 4 à 5 pieds. Quelques jours plus tard M. Hugi lui trouva six pouces de large et une profondeur très-considérable[1]. De Saussure[2] rapporte qu’à son retour du Mont-Blanc il fut obligé de descendre une pente de neige, inclinée de 50 degrés[3], pour éviter une crevasse qui s’était ouverte pendant son voyage.

  1. Hugi Naturhistorische Alpenreise, p. 356.
  2. De Saussure Voyage dans les Alpes, Tom. IV, p. 149.
  3. J’ai gravi cette année à la Strahleck des pentes de neige durcie et de glace qui avaient de 40° à 45° d’inclinaison.