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explication de ce phénomène, ou bien ils ont recours, pour en rendre compte, à la supposition de circonstances dont la nature ne nous offre aucun exemple. Quelques-uns trouvent même plus commode de nier les faits que de les expliquer ; d’autres, ne pouvant se refuser à leur évidence, s’efforcent de les amoindrir en affectant de les attribuer au hasard.

Les cascades exercent sur le fond des glaciers une action toute particulière. Comme elles se précipitent souvent avec une grande impétuosité dans les crevasses, les creux et les entonnoirs, elles commencent par user les endroits sur lesquels elles tombent, et si ces endroits étaient déjà polis antérieurement par la glace, elles leur enlèvent leur poli vif pour le transformer en un poli plus mat, comme celui qu’occasionnent les rivières et les torrens. Lorsque ces cascades se maintiennent pendant quelque temps dans le même endroit, elles finissent même par creuser de petits creux dans le rocher qui sont comme autant de coups de gouge. Ces creux s’aperçoivent quelquefois à travers les fentes ; mais ils sont plus distincts dans les emplacemens que le glacier vient de quitter. On en voit de très-remarquables au glacier de Viesch, en avant de son extrémité terminale (voy. Pl. 9). Lorsque le fond du glacier est très-incliné, ces cascades déterminent dans la roche des sillons plus ou moins inclinés, et même verticaux, qui sont autant de gouttières naturelles par lesquelles les eaux de la surface