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de base et d’encaissement ; et si l’on se rappelle l’explication que nous avons donnée de la marche progressive des glaciers, on conviendra que des massifs pareils, qui se meuvent depuis des siècles sur un même point, ont dû émousser les angles et faire disparaître plus ou moins les inégalités du lit, sur lequel ils agissent comme une râpe. Mais le poli qui en résulte est rarement à découvert sous le glacier même. Je connais des personnes qui ont visité un grand nombre de glaciers sans le remarquer. En pénétrant, l’année dernière (1839), sous le flanc gauche du glacier de Zermatt, en un endroit où il s’était formé, près de son issue, un assez grand vide entre la glace et le rocher (voy. Pl. 7), je fus obligé de laver la surface de ce dernier pour convaincre M. Studer que le fond actuel du glacier est poli et strié de la même manière que les surfaces que nous avions observées ensemble, quelques heures auparavant, au sommet du Riffel, à plus de 600 pieds au-dessus du niveau actuel du glacier, et dont j’avais détaché un fragment qui est représenté Pl. 18, fig. 2.

Les polis abandonnés par les glaciers sont en général plus évidens, parce qu’il y a long-temps que la couche de boue qui les recouvrait a été enlevée par les eaux de l’atmosphère. Si ceux qu’on remarque sous les glaciers actuels étaient aussi dégagés et se voyaient d’aussi loin, il y a long-temps que l’on aurait reconnu la liaison de ces deux phénomènes, et l’on n’aurait cer-