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glacier dans tous les sens, à raison de sa propre dilatation par le gel.

On a objecté à cette explication le fait de la résistance que devrait opposer à la dilatation une masse aussi inerte et aussi puissante que celle du glacier, et l’on a prétendu qu’en tous cas l’effet de cette dilatation ne pourrait agir que de bas en haut, attendu que la résistance de l’air ne saurait être comparée à celle de la masse du glacier, et que de même que de l’eau enfermée dans un vase n’exerce une forte pression sur ses parois qu’autant que le vase est fermé, tandis que si le vase est ouvert la glace se dilate de préférence dans la direction de la moindre résistance, de même aussi les glaciers ne sauraient se dilater que vers le haut. En théorie, cette objection est rigoureuse, et nous verrons plus bas, en parlant des efflorescences des glaciers, (Chap. XV) qu’une pareille dilatation a réellement lieu dans les crevasses superficielles, lorsque l’eau qui s’y trouve renfermée monte à la surface par l’effet de la dilatation qui résulte du gel. Mais ce n’est pas ainsi que les choses se passent dans l’intérieur des glaciers. Le réseau de fissures capillaires qui pénètre la masse du glacier est lui-même le principal obstacle à une pareille ascension des eaux contenues dans le glacier. Cette prétendue ascension de l’eau y est aussi nulle qu’elle le serait dans un réseau de petits tubes qu’on exposerait subitement à la congélation. De plus, la glace est, comme l’eau, un