Page:Agassiz - Études sur les glaciers, 1840.djvu/133

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lieue en amont de son extrémité, le glacier n’est recouvert que de débris de rochers, au point que l’on ne se douterait même pas que l’on chemine sur un glacier, si l’on ne rencontrait de temps en temps une crevasse.

Les moraines terminales, que les habitans de l’Oberland bernois désignent sous le nom bien plus caractéristique de décombres du glacier (Gletscherschutt) différent des moraines médianes et latérales, en ce qu’elles ne reposent jamais sur le glacier même : ce sont des digues ou des remparts qui se forment en avant de l’extrémité du glacier, et que celui-ci pousse incessamment devant lui, en accumulant tous les matériaux mobiles qui se trouvent sur son passage. Lorsqu’au contraire le glacier est en retrait, il forme chaque année une nouvelle moraine terminale, jusqu’à ce que survienne de nouveau une crue des glaces qui refoule tous ces remparts en avant, pour n’en former qu’une seule moraine terminale. Dans la plupart des cas la moraine terminale se lie directement aux moraines latérales, comme on le voit dans notre Pl. 10 : mais cette continuité cesse nécessairement, lorsque le glacier est en retrait, pour reparaître dès que le glacier redevient stationnaire ou recommence à s’avancer[1]

  1. On conçoit d’avance que les grands glaciers qui sont allés continuellement en décroissant, aient laissé devant eux, en se retirant, autant de moraines terminales concentriques qu’ils ont éprouvé de