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qui m’a confirmé dans l’explication que j’en donne, c’est qu’ici, Pl. 14, on remarque sur le côté gauche de la grande moraine une petite moraine qui lui est parallèle et qui me paraît s’en être détachée de la même manière que les traînées de sable dont je viens de parler se détachent des moraines en général.

Le phénomène des nappes de blocs, dont j’ai parlé au commencement de ce chapitre, a lieu lorsqu’un glacier très-chargé de moraines se rétrécit prés de son extrémité. Les moraines s’étalent alors sur toute la surface du glacier et le recouvrent complètement, quelquefois jusqu’à une grande distance de son issue. Ce phénomène ne peut se produire que sur les glaciers très-peu inclinés, où les crevasses sont peu nombreuses ; car dans le cas contraire, les blocs, au lieu de former une nappe continue à la surface du glacier, tomberaient dans les crevasses et laisseraient la glace à découvert, comme cela a lieu dans la plupart des glaciers (voyez les glaciers de Zermatt et de Viesch, pl. 6 et 9). Les nappes de blocs ne sont donc pas autre chose que des moraines latérales et médianes disloquées, étalées et confondues. Ce mélange ne s’opère que très-insensiblement ; et comme c’est toujours le milieu du glacier qui se trouve envahi le dernier, l’on voit ordinairement une bande blanche s’avancer en forme de pointe dans la surface sombre de la nappe de blocs ; de loin l’on dirait que c’est le glacier qui se termine ainsi en pointe, tandis qu’il se pro-