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sur le glacier même ; mais comme elles reçoivent continuellement de nouveaux blocs des parois de la vallée, il arrive qu’alors même qu’un rempart s’écroule de la manière que nous venons de le signaler, il s’en forme bientôt un nouveau, de sorte que beaucoup de moraines riveraines se maintiennent en dos d’âne dans toute leur longueur. Il existe une très-grande diversité de formes et de dimensions entre les moraines d’un seul et même glacier. Souvent l’une est très-puissante, tandis que l’autre est très-mince. Cette différence est surtout frappante dans les glaciers composés. C’est ainsi que le glacier inférieur de l’Aar compte plusieurs moraines médianes outre la grande moraine dont il a été question plus haut (voy. pl. 14) ; mais elles se confondent bientôt avec la moraine latérale droite. Sur le glacier du Lauteraar et du Finsteraar, nous en vîmes surgir plusieurs du sein du glacier, à une hauteur de 8 000′. La glace était, à la surface, incohérente et grumeleuse ; mais elle paraissait plus compacte et plus unie le long des blocs. Nous vîmes ainsi le phénomène du mouvement ascensionnel des blocs, dont nous avons parlé plus haut (pag. 105), se répéter cent et mille fois[1]. La grande moraine,

  1. Dans ce cas-ci, c’est bien à travers la glace compacte que les blocs arrivent à la surface. Ce fait nous prouve que la glace du glacier proprement dit subit encore continuellement des modifications analogues à celles qu’éprouvent les névés, par suite de l’infiltration des eaux qui coulent à sa surface. Dans une masse