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ainsi continuellement la masse mobile de la moraine. Ceux qui restent en route sont ordinairement triturés et broyés contre les parois de la vallée.

Une autre cause des différences que l’on observe, quant à la puissance des moraines, entre la partie inférieure et la partie supérieure des glaciers existe dans la nature même de la glace : aussi long-temps que le glacier est encore à l’état de névé, les blocs qui tombent des parois environnantes, au lieu de rester à la surface, pénétrent dans l’intérieur même de la masse, qui est continuellement recouverte par les couches de neige nouvelle qui viennent s’ajouter aux anciennes. Il peut ainsi arriver que de grands glaciers ne présentent dans toute leur partie supérieure aucune trace de moraine, quoiqu’ils soient encaissés dans des parois très-escarpées dont il se détache certainement des fragmens de rochers ; témoin la partie supérieure des glaciers du Lauteraar et du Finsteraar.

Lorsqu’on est placé en face d’un glacier de manière à pouvoir embrasser des yeux tout son cours supérieur, on voit, surtout sur les glaciers composés de plusieurs affluens, les moraines se rétrécir de plus en plus vers le sommet et finir par disparaître entièrement. Nous en avons un exemple frappant dans les glaciers qui descendent de la chaîne du Mont-Rose et vont se réunir dans le grand glacier de Zermatt. Du haut du Riffel, d’où je les ai fait dessiner tels qu’ils sont représentés pl. 1 et 2, on poursuit leurs morai-