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nées), l’Oria, l’Oure, l’Oreuse, l’Ure (Angleterre), l’Eurotas, l’Eure, l’Orbe (Hérault), contraction d’οροϐις ou οροϐιος, etc. On rencontre dans plusieurs langues le radical qui nous occupe, notamment dans ur, oura, eau, pluie, en b. q. (elura, neige, litt. eau en poussière), qui a formé le nom de divers torrents des Pyrénées (Urbicos, eau rapide ; Urruti, Ourasson, fontaine bonne, etc.) ; urvi, rivière, urana, nuage, en s. c. t. ; ce mot, en passant dans le grec sous la forme d’ουρανος a pris le sens de ciel. Le latin urina (ουρον, en grec) voulait dire dans le principe eau, d’où urinare, plonger, urna, urne, etc. Je ne puis donc admettre l’étymologie de coluber ou galaber par corruption, couleuvre, donnée à la Galaure à cause de ses replis dangereux.

Le nom d’Uriage, Auriacum en 1179, et plus tard Uraticum, Auriacium, Auriatgium, paraît avoir la même origine ; cette traduction est plus probable que celle d’urentes aquæ, eaux brûlantes, proposée par plusieurs auteurs. Si elle était vraie pour une époque reculée, les Romains n’auraient pas construit, pour chauffer ces eaux, un fourneau dont on a retrouvé les restes en 1844, à cinq cents mètres de l’établissement actuel[1]. On a rencontré à Nismes un autel sur lequel sont gravés ces mots cultores Uræ fontis, c’est-à-dire les adorateurs ou les habitués de la fontaine Ura, aujourd’hui Eure, dont les eaux arrivaient à Nismes en passant par le pont du Gard[2]. M. Le Héricher[3] dit qu’en Normandie on prononce Ure au lieu d’Eure, et que c’est le motif pour lequel Voltaire a fait rimer, dans la Henriade, Eure avec nature. Voir aussi Eurre, § IV.

Vaunaveys, près de Crest, Vaunavesium en 1332 ; Valnavez dans le XVe siècle ; Vallis Navigii dans certains actes, a appartenu aux Poitiers, aux d’Urre (1464) et aux Clermont-Montoison

  1. Greppo, Eaux thermales de la Gaule, p. 260.
  2. Greppo, idem, p. 213 ; — Walkenaer, Géographie des Gaules, t. II, p. 180.
  3. Philologie topographique de la Normandie, p. 13.