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ces choses semblent fausses à Dieu ou aux anges ; parceque l’évidence de notre perception ne nous permettra jamais d’écouter celui qui le voudroit feindre et qui nous le voudroit persuader.

Il y a d’autres choses que notre entendement conçoit aussi fort clairement lorsque nous prenons garde de près aux raisons d’où dépend leur connoissance, et pour ce nous ne pouvons pas alors en douter ; mais, parceque nous pouvons oublier ces raisons, et cependant nous ressouvenir des conclusions qui en ont été tirées, on demande si on peut avoir une ferme et immuable persuasion de ces conclusions, tandis que nous nous ressouvenons qu’elles ont été déduites de principes très évidents ; car ce souvenir doit être supposé pour pouvoir être appelées des conclusions. Et je réponds que ceux-là en peuvent avoir qui connoissent tellement Dieu, qu’ils savent qu’il ne se peut pas faire que la faculté d’entendre, qui leur a été donnée par lui, ait autre chose que la vérité pour objet ; mais que les autres n’en ont point : et cela a été si clairement expliqué à la fin de la cinquième Méditation, que je ne pense pas y devoir ici rien ajouter.

En cinquième lieu, je m’étonne que vous niiez[1] que la volonté se met en danger de faillir lorsqu’elle poursuit et embrasse les connoissances ob-

  1. Voyez secondes objections, page 406