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AVÈNEMENT DE CHARLEMAGNE

sans raison et au mépris de son beau-frère, se placer, elle et ses enfants, sous la protection du roi des Lombards Didier[1].

Carloman, en effet, étant mort de maladie, après avoir gouverné deux ans le royaume avec son frère, Charles, du consentement de tous les Francs, fut reconnu seul roi[2].

[4.] De sa naissance, de ses premières années et même de son enfance, il serait absurde à moi de vouloir parler[3], car il n’en est question chez aucun auteur et il ne se rencontre plus personne aujourd’hui qui se dise informé de cette période de sa vie. Laissant donc de côté ce qui est inconnu, j’en viens tout de suite à ses actes, à ses mœurs et aux divers autres éléments de sa biographie. Je commencerai par sa politique intérieure et extérieure ; je passerai ensuite à l’étude de ses mœurs et de son caractère ; je finirai par l’exposé de son administration et de sa mort, m’attachant à ne rien omettre de ce qu’il est nécessaire ou bon de savoir.

[5.] De toutes les guerres qu’il fit, la première fut celle d’Aquitaine, entamée, mais non achevée[4] par son père et qui lui semblait pouvoir être terminée rapidement. Il l’entreprit

  1. Ces détails ont été pris encore presque textuellement dans les Annales royales, 2e rédaction, ann. 771 (éd. Kurze, p. 33) : « Nam uxor ejus (Carlomanni) et filii cum parte optimatum in Italiam profecti sunt ; rex autem profectionem eorum in Italiam quasi supervacuam patienter tulit. »
  2. Les Annales royales (ibid.) sont encore suivies de près : « Carlomannus frater… decessit in villa Salmontiaco. Et rex ad capiendum ex integro regnum, etc. » — Éginhard ne donne que deux ans de règne à Carloman (qui, en réalité, régna d’octobre 768 à décembre 771) parce que, dans les Annales royales, les notes des années 769 et 770 sont seules consacrées à des événements de ce règne.
  3. Éginhard croit devoir s’en excuser parce qu’il s’applique à suivre d’aussi près que possible son modèle romain, Suétone, qui, dans ses Vies des Césars, ne manque jamais, après une introduction consacrée à la famille (gens) de l’empereur dont il raconte la vie, de parler successivement de sa naissance, de ses premières années (infantia) et de son enfance (pueritia) pour aborder ensuite l’histoire de son adolescence (adolescentia). Voir, par exemple, la Vie de Tibère, V et VI, 1 (« Tiberium quidam natum… Infantiam pueritiamque habuit laboriosam… ») ; la Vie de Claude, II, 1 (« Claudius natus est… Infans autem… ac per omne fere pueritiae atque adulescentiae tempus… ») ; la Vie d’Auguste, V, VII et VIII, où ces indications sont suivies (IX), comme ici, de l’exposé du plan adopté par l’auteur.
  4. Le contraire a pourtant été dit au § 3.