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INTRODUCTION[1]


I.L’auteur.

Pour apprécier à sa juste valeur la Vie de Charlemagne et déterminer les conditions dans lesquelles elle a été écrite, il est nécessaire tout d’abord de rappeler brièvement ce qu’on sait de la biographie même de son auteur.

Né dans la vallée du Main vers 775, Einhard — ou Éginhard, pour lui laisser son nom traditionnel, — avait d’abord été élevé au monastère de Fulda, d’où l’abbé Baugolf avait réussi à le faire admettre — en 791 ou 792 sans doute — à la cour de Charlemagne, alors âgé de près de cinquante ans, parmi les jeunes gens d’avenir que, suivant l’usage, le souverain tenait à honneur de « nourrir », comme on disait[2], et de faire instruire à ses frais.

Après avoir, dans les premiers temps, excité surtout la verve des familiers de la cour, qui riaient de sa petite taille et l’avaient surnommé Nardillon (Nardulus), il se signala assez vite par la solidité de ses connaissances et son goût pour les poètes latins.

Il fit bientôt partie du petit groupe des lettrés qui vivaient s’au palais dans la suite du roi : en 799, ou à peu près, Alcuin,

  1. On nous permettra de renvoyer une fois pour toutes au chapitre que nous avons consacré à Éginhard dans nos Études critiques sur l’histoire de Charlemagne (Paris, 1921, in-8o, viii-314 p.), p. 60-103. On y trouvera toutes les références que nous ne pouvons donner ici.
  2. Cf. ci-dessous, p. 3, n. 1.