Outamaro/Kakemonos imprimés

Charpentier (p. 222-225).

KAKEMONOS IMPRIMÉS

Dans un catalogue de l’Œuvre imprimé en couleur d’Outamaro, on ne peut passer sous silence ces étroites bandes en hauteur, mesurant en général 25 centimètres sur 60 : ces kakemonos imprimés, qui sont au Japon les peintures d’art des logis du peuple, et qu’entoure une monture économique en papier, jouant assez bien et les dispositions et les dessins et le brillant des étoffes de soie, servant de monture aux kakemonos de la main des maîtres.

Ce sont presque toujours des compositions pyramidales, ou un homme et une femme se surplombant, amputés par l’étroitesse de la bande, n’offrent au regard que des morceaux, des tranches de leurs corps.

En le nombre infini de ces kakemonos, qui sont pour la plupart d’une exécution un peu rapide, et sans variété dans les motifs, et se répétant volontiers avec quelques changements insignifiants, il en est quelques-uns de plus soignés, de mieux réussis, et dont le faire approche des bons neshiki-yé. J’en cite comme échantillons quelques-uns appartenant à MM. Gonse, Gillot, Hayashi.

Deux femmes, dont l’attention est attirée par quelque chose qui se passe à leur droite ; l’une des deux tient contre elle, le grand chapeau ombrelle, qu’elle a retiré de dessus sa tête.

Près d’un homme qui serre et tord dans ses mains un morceau d’étoffe ou de papier, une femme qui se couvre la bouche de sa manche relevée.

Femme debout dans la nuit, habillée d’une robe gorge de pigeon semée de fleurettes, d’une robe entrebâillée, qui laisse voir un de ses seins, au-dessus d’une femme assise sur ses talons.

Une femme marchant dans un coup de vent, en retenant d’une main l’encapuchonnemenl noir de sa tête qui s’envole, en plaquant contre elle, les plis gonflés et soulevés de son ample robe.

Une élégante japonaise en pied, dans une robe mauve, où sont dessinés, les ailes éployées, deux grands Ho-ô, et qui a, derrière elle, un plateau en laque, monté sur un riche pied.

Femme tenant contre elle un enfant qui tend les bras vers un petit moulin, que fait tourner au-dessus de sa tête, une autre femme.

Un kakemono imprimé, tout à fait supérieur, aux tons enveloppés, aux tons des plus gras, est un kakemono que j’ai vu chez M. Gillot, et qui représente une femme debout, appuyée contre un treillage, au-dessus d’une femme accroupie, jouant avec un écran renversé.

Finissons par quatre kakemonos imprimés, d’une qualité hors ligne, faisant partie de la collection particulière de M. Bing.

Un kakemono montrant une jolie guesha, coiffée d’épingles d’argent, appuyée sur le manche d’un schamisen.

Un kakemono représentant une femme se penchant vers une jeune fille, sur le dos de laquelle est un enfant, où l’impression est pareille à l’impression des plus délicates planches en couleur d’Outamaro.

Un kakemono, où l’on voit aux pieds d’une femme, un enfant nu, couché à terre, et qui s’est enveloppé la tête de la traîne de la robe de gaze noire de la femme, en sorte que son visage apparaît teinté de la trame noire et fleuri des fleurettes du tissu transparent.

Un kakemono très original. En haut, une femme qui a un poisson au bout de son hameçon dans le ciel, dans le bas, un jeune homme penché en dehors du bateau, et remplissant une coupe, dans le reflet de son buste dans l’eau, — le reflet le plus réel qu’un peintre ait jamais fait.