Outamaro/Grandes impressions

Charpentier (p. 188-221).

GRANDES IMPRESSIONS

(Nishiki-Yé)

Ces grandes impressions, composées généralement de trois, de cinq, et même de sept planches, en ce pays de paravents et de portes à coulisse, sont collées les unes au bout des autres, sans un verre qui défende des détériorations de l’air[1], les charmants revêtements de ces parois mobiles. Quelquefois les compositions de maîtres célèbres sont montées dans une bordure d’étoffe, enfermée dans une baguette de laque.

impressions composées d’une ou deux planches

Les trois manières.

Planche qui représente avec trois physionomies de femmes, la manière de rire, la manière de pleurer, la manière de se mettre en colère. Ces femmes je crois un peu grises de saké, sont offertes comme une traduction du proverbe japonais qui dit : « Quand on a bu, la manière sort. »

Planche unique, qui peut être aussi bien celle d’une série non continuée, que d’une planche à part.


Composition où l’on voit une femme accroupie sur ses talons faisant danser sur le haut d’un écran, un singe que regardent deux enfants. Des caractères rouges, semés sur la planche, nous apprennent qu’une superstition du pays veut que cette danse chasse des maisons, la petite vérole.

Hayashi croit que la composition est complète en une seule planche.


Paire de courtisanes.

Impression composée de deux planches.

impressions tryptiques

Le premier Jour de l’An.

Impression tryptique décrite plus haut.


Femmes montées sur une estrade improvisée, attachant en l’air des branches de pin, des coloquintes, des pièces de poésie.

Les préparatifs d’une fête à l’occasion du Jour de l’An.

Impression tryptique.


Le mariage.

Impression tryptique décrite plus haut.


Le mariage après la cérémonie.

La mariée change de costume, devant un grand miroir en laque, posé à terre, au milieu de femmes préparant sa nouvelle toilette.

Impression tryptique.


Sept femmes de la cour d’un daimio, sept longues et élégantes femmes, coiffées de cette cornette faite par une bande de soie roulée autour de leur coiffure, arrêtées dans un paysage, où un rideau de verts iris, fleuris de toutes les couleurs, leur montent jusqu’à la ceinture, masquant tout le bas de leurs robes.

Composition du style le plus noble et de la plus grande rareté.

Impression tryptique.


Dans un paysage, tout rosé de la floraison des cerisiers, sous un tendelet violet, est réunie une nombreuse société de femmes nobles. Dans le fond, on aperçoit un riche norimon posé à terre ; au premier plan à droite, un domestique a la garde d’un barillet de saké.

Impression tryptique.


Embarquement d’une princesse pour la traversée d’une rivière.

Les grandes malles à robes déjà descendues dans le bateau, la princesse va s’embarquer, escortée d’une femme portant le fumoir, d’une femme chargée du sac à parfums et du petit sabre d’apparat.

Impression tryptique.


Princesse descendant, sur un marchepied, d’un grand charriot aux roues laquées, aux revêtements de soierie, un charriot impérial, pendant qu’une femme lui présente un éventail, et qu’elle est regardée par deux femmes dont l’une, est couchée sur une terrasse, et encore par le prince, à peine visible derrière un store.

Impression tryptique.


Danse d’une guesha dans un palais de daimio.

Impression tryptique décrite plus haut.


Visite d’une femme de la noblesse à une autre femme de la noblesse.

Les deux femmes s’avancent l’une vers l’autre, au seuil d’une habitation, dans un jardinet, où monte au milieu un grand buisson de chrysanthèmes.

Impression tryptique.


Repos sur une terrasse au bord de la Soumida.

Un jeune prince, dans une société de femmes dont l’une emporte sa robe de dessus, où l’on aperçoit à travers la légère étoffe noire, une lettre cachetée, peut être destinée à la femme emportant le vêtement.

Impression tryptique.


Une princesse sortant de son norimon pour prendre le frais au bord de la mer, pendant qu’une de ses femmes lui met sous les pieds des espèces de babouches, et qu’une autre ouvre un parasol sur sa tête.

Impression tryptique.


Un daimio à cheval, un faucon sur le poing, traverse un petit cours d’eau, dans l’escorte de femmes, l’une portant sa lance, une autre son sabre, une dernière un faucon. Le Fuzi-yama dans le lointain.

Impression tryptique.


Intérieur d’un daimio où une société de femmes s’amuse à regarder danser un jeune prince en robe noire, en pantalon-jupe violet, l’éventail abaissé sur la hanche.

Impression tryptique.


Un bateau plat que fait glisser sur l’eau, un homme pesant sur un long bambou. Au milieu, un daimio, un faucon sur le poing, et entouré de femmes dont l’une se retourne pour embrasser son enfant qu’elle a sur le dos.

Impression tryptique.


Japonaises escortant un charriot impérial. Devant marche une princesse sur la tête de laquelle une femme de sa suite tient ouvert un riche parasol, et l’on remarque dans l’escorte, une autre femme portant au dos un carquois rempli de flèches.

Impression tryptique.


Deux femmes menant en promenade un petit daimio portant sur le poing, en place du faucon à venir, un moineau ; l’une des femmes tient sous son bras le petit sabre de l’enfant. Dans la planche de droite une marchande, portant deux paniers sur l’épaule au bout d’un bâton, offre à une promeneuse une aubergine.

Impression tryptique.


Une princesse descendue de son charriot impérial, tendant une bande de papier couverte d’une poésie à un jeune homme, agenouillé à quelques pas d’elle. Cette poésie serait une déclaration d’amour, et dans sa timidité, le jeune homme a, comme un évanouissement d’amour, dont la défaillance est soutenue par une femme de la princesse, penchée sur l’adolescent.

Impression tryptique.


Danse noble.

Schizuka, la maîtresse de Yoritomo, au son des tambourins et des flûtes des musiciennes mimant une danse de caractère, l’éventail rouge couleur de sa robe, abaissé d’une main, un bras faisant ondoyer le flottement d’une écharpe au-dessus de sa tête.

Le curieux de la composition pour qu’elle ne soit pas trop historique, c’est que Yoritomo, l’illustre amant de la femme, est figuré par une femme qui est censée le représenter.

Impression tryptique.


Trois groupes formés d’un homme et d’une femme, vus jusqu’à la ceinture.

Composition allusive au voyage de Narihira, grand seigneur poète, voyageant à l’est de Kioto, pour se rendre au Fuzi-yama, dans un temps, où la ville de Yédo n’existait pas.

Impression tryptique.


Au milieu de grandes herbes folles, promenade de femmes portant des lanternes, et semblant à la recherche d’un homme qu’une femme cherche à cacher derrière elle.

Un épisode sans doute du roman où Aghémaki cache Soukéroku.


Fête du printemps où l’on va chercher dans la campagne des pousses de pin.

Dans cette planche, au milieu de femmes chargées de rameaux d’arbres verts, l’on voit deux fillettes se disputer, s’arracher des mains une grande branche de pin.

Impression tryptique.


Promenade admirative des cerisiers en fleurs dans la campagne.

Planche des commencements d’Outamaro, où il n’est pas encore lui, où il n’a pas encore trouvé la sveltesse de la taille de ses femmes, et leur ovale long.

Impression tryptique.


Au bord d’une rivière torrentueuse, une habitation, d’où descend une société de femmes pour regarder le courant, tout chargé de fleurs de cerisiers. Parmi les femmes restées dans l’habitation est une grande fillette, tenant dans ses bras une poupée.

Impression tryptique.


Une société de femmes regardant d’une terrasse, à l’époque de la floraison des pivoines, une rivière qui semble couler de ces fleurs, tant les vaguettes en charrient.

Impression tryptique.


La musique, le jeu, la peinture, l’écriture, les quatre occupations agréables.

Une société de femmes, assises sur leurs talons à terre, en des admirations enfantines devant des kakémonos étalés sur le sable d’un jardinet ; tandis que dans un pavillon, une femme écrit une lettre à côté d’une femme, faisant de la musique, et que dans un autre pavillon très éloigné, deux japonais sont en train de jouer.

Impression tryptique.


Occupations de la vie privée.

Au milieu de femmes occupées de travaux de leur sexe, un jeune japonais jouant dans un coin d’appartement avec une jeune fille au sougorokou — un jeu ressemblant tout à fait à notre jeu de jacquet.

Impression tryptique.


La danse au piège.

Deux femmes agenouillées, s’efforçant d’enlever au milieu d’un grand nœud lâche d’une cordelette de soie qu’elles font tourner, d’enlever une coupe posée à terre. La perdante est condamnée à danser jusqu’à ce qu’elle ait pu saisir dextrement la coupe, au milieu du tournoiement rapide de la corde, qui lui prend le poignet, si elle la manque.

Impression tryptique.


Une plage couverte de monde, au bord de la mer, où passent des barques chargées de monde. Dans un coin un pêcheur à la ligne, l’attention au poisson qui mord, tout en fumant sa pipe. Au milieu de la planche, un enfant qui s’amuse à faire danser un crabe au bout de sa ligne.

Impression tryptique.


Une rivière, où sur deux bateaux, des hommes et des femmes se livrent à la pêche à la ligne, et où dans l’air, on voit frétiller un poisson pris à un hameçon.

Impression tryptique.


Promenade aux environs de Kamakouro, où l’on voit une femme dans un kago déposé à terre (le kago est le norimon bourgeois.)

Planche tryptique.


Japonaises dans la campagne, dont l’une tient tendrement son enfant contre sa poitrine, tandis qu’un petit Japonais lève les mains en l’air, dans l’étonnement d’une envolée d’oiseaux traversant tout le ciel.

Impression tryptique.


La récolte des kakis.

Des femmes faisant tomber de grands arbres avec un bambou à crochet, ces espèces d’oranges.

Impression tryptique.


Le grand pont de la Soumida.

Neuf femmes, dont l’une tient un enfant jouant entre ses bras, neuf élégantes femmes, debout ou accoudées sur la traverse du pont, causant, s’éventant, regardant l’eau de la rivière couler.

Impression tryptique.


Promenade de femmes et d’enfants au bord de la Soumida.

Une représentation de la nuit, de son obscurité dense, profonde, mystérieuse, qu’aiment à reproduire les maîtres japonais : une composition vous donnant le spectacle de l’illumination, promenée par des robes d’été de femmes, sur cette plage au noir d’une plaque de laque, en face de cette eau ténébreuse que traverse un pont aux pilotis n’en finissant pas, un pont qui a le caractère d’une projection de lanterne magique, sous un ciel d’un bleu sombre, pailleté d’étoiles si nombreuses, qu’elles semblent des flocons de neige.

Impression tryptique.


Pélerinage de femmes, les pieds nus, dans le flot de la mer, sur la plage d’Isé.

Impression tryptique décrite plus haut.


Une galerie ouverte donnant sur des jardins, une galerie peuplée de femmes, dont l’une habille un enfant, et où, du dehors, une servante tend à une femme, sur le pas de la porte, un bassin et une serviette de coton rouge, pour le débarbouillage de l’enfant.

Impression tryptique.


Les lucioles.

Impression tryptique décrite plus haut.


Une plage, au bord d’une mer, au milieu de laquelle s’élève un îlot vert, une plage se promènent des femmes, dont Tune s’appuie sur un haut bambou. À droite un homme rattache sa chaussure, à gauche dans un kago déposé à terre, une femme fume à côté d’une femme, assise près du petit véhicule, et en train d’allumer sa pipette.

Impression tryptique.


Voyage sur l’eau, pendant lequel le bateau est accosté par une barque, où la femme du pêcheur offre du poisson aux voyageuses occupant la cabine, sur le toit de laquelle s’évente d’un grand éventail, le batelier qui y est couché.

Impression tryptique.


Une femme pêchant à la ligne dans un grand bateau, conduit par une batelière, et qui est accosté par une barque, où est une pêcheuse en train de jeter son filet.

Impression tryptique.


Une barque, dans laquelle une fillette déshabillée noue un linge autour de ses cheveux, prête à s’élancer de la barque dans l’eau, où nagent déjà d’autres enfants.

Impression tryptique.


Les portraits des belles femmes célèbres actuelles, (Femmes honnêtes).

Composition imprimée sur fond jaune.

Impression tryptique.


La classe des enfants.

Composition inspirée par la pièce de théâtre portant le titre de : Tenaraï-Kagami.

Impression tryptique.


Trois manières de faire lire les enfants.

Impression tryptique[2].


Enfants jouant à la guerre.

Un petit garçon faisant le cheval de bataille, un autre portant le drapeau, un autre brandissant l’enseigne de général : un assemblage au bout de la hampe d’une lance, de petites gourdes retombantes autour d’une grande gourde, fixée toute droite.

Impression que j’ai lieu de croire une impression tryptique.


La culture des gravures a Yédo, la production célèbre de cette ville.

Impression tryptique déjà décrite.

Une impression isolée qui m’est tombée sous les yeux me ferait croire qu’Outamaro a dessiné une autre composition de trois planches sur le même sujet.

Cette impression représente le mur d’une boutique toute couverte d’images en couleur, au milieu desquelles sont suspendues trois kakémonos, tandis qu’un Japonais agenouillé déficèle un paquet d’impressions, tandis qu’une femme assise sur une estrade entre deux ou trois feuilles peintes, un cornet, un pinceau un moment abandonné, arrange une épingle de sa chevelure, pendant qu’un enfant sur ses genoux lui tend une feuille de papier, encore blanche.


Les femmes dans la cuisine.

Dans les deux rares feuilles imprimées, qu’on connaît jusqu’ici de la composition, une femme souffle le feu dans un bambou, une autre enlève d’un fourneau une théière, dont l’eau se répandant a fait un nuage de vapeur, une dernière épluche une aubergine.

La troisième feuille qu’Hayashi n’a jamais rencontrée est introuvable.

Impression tryptique.


Femme près d’un fourneau entouré de flacons et de bouteilles, soufflant du verre dans un bambou, et à laquelle une autre femme apporte une boîte remplie de petits bâtonnets.

Impression que je crois tryptique.


Fabrication du saké blanc, du saké pour dames, d’un saké doux à peine fermenté.

Un pressoir, dans lequel on voit la fermentation du riz jaillir sous la meule de pierre, pressée par l’immense bras de bois, que deux femmes pesant dessus, font tourner à l’instar de chevaux de manége.

La représentation d’une fabrication industrielle, un peu idéale, une fabrication se passant dans un palais, et où les deux femmes, faisant le métier de chevaux de manége, ont tout l’air d’Allégories vêtues des plus belles robes de l’Empire du Lever du Soleil.

Impression tryptique.


Les teinturières.

Une grande bande d’étoffe violette, tendue entre deux arbres, séchant au soleil, dont une teinturière fait le nettoyage, et qu’attouche une promeneuse en passant, et sur laquelle, tenu par sa mère, est penché un enfant voulant embrasser sa sœur à travers l’étoffe, qui lui fait paraître le visage pourpre.

Impression tryptique.


Les plongeuses.

Les trois pêcheuses de coquilles comestibles, appelées au Japon awabi.

Impression tryptique décrite plus haut.


Les plongeuses :

Composition différente de la première.

Planche tryptique décrite plus haut.


Les porteuses d’eau salée (Shiokumi).

Elles sont représentées en leur arrangement pittoresque, avec le bâton courbe soutenant les deux seaux, et leurs jupons de roseaux, ressemblant à de grands pagnes. De l’autre côté de l’eau, dans le lointain, les toits des salines, où elles vont porter l’eau de mer.

Impression tryptique.


Collation de poésies.

Une des planches représente une femme, en train de tracer au pinceau, une poésie. Le titre de la composition est écrit sur un grand makimono, en haut de la planche.

Impression tryptique.


Un intérieur, où une femme à demi couchée, est appuyée sur une main, posant à terre, et la maintenant soulevée en un gracieux mouvement.

Planche où est imprimée une grande pièce de poésie dans un cadre rouge en largeur.

Planche que je suppose une planche tryptique.


Trois femmes comparées à trois philosophes.

Impression tryptique.


Trois poètes (représentés par des femmes).

Impression tryptique.


La neige, la lune, la fleur.

Dans un compartiment, une femme, qui a encore à la main, le pinceau avec lequel elle vient d’écrire un poème. Près d’elle une amie, les mains retournées, tordues dans un étirement de grâce de ses bras tendus, le long d’elle. En un autre compartiment, une femme lisant une lettre, qu’une servante lui apporte.

Impression tryptique.


Le saké, qui peut se traduire à peu près ainsi. Ceux qui ont trop bu, sept postures (ivresses) différentes.

C’est la représentation, sous une femme appuyée sur le barillet entouré de sparterie, de l’Ivresse morose, de l’Ivresse bavarde, de l’Ivresse dansante, de l’Ivresse hallucinée qui fait de la musique avec un éventail sur un balai — et même de l’Ivresse paillarde, figurée par la prise des tétons d’une grosse femme débraillée par un vieillard squelette, dans une troisième planche très rare, et qui porte le nombre des ivresses a huit au lieu de sept.

Impression tryptique.


Femmes apportant des barillets de saké, autour d’une autre femme, dansant un éventail à la main, et au-dessous de laquelle, des êtres aux cheveux rouges des shôjô, des génies du saké, lappent, accroupis à terre, comme des animaux, d’immenses coupes de l’alcool japonais.

Impression tryptique.


Fête, sur une terrasse donnant sur un golfe, aux rives les plus accidentées, et dans laquelle, près d’une collation servie, une femme et un homme jouent à un jeu japonais, où l’on compte sur les doigts des deux mains, opposées les unes aux autres.

Composition toute imaginative dans le goût chinois, et où la coloration, tenue presque absolument dans les trois tons, jaune, vert, violet, est la coloration des porcelaines de la famille verte.

Impression tryptique.


Les grues de Yoritomo.

Impression tryptique déjà décrite.


Dans un paysage montagneux, des femmes portant de petites hottes-armoires en bambou, sur leurs épaules, et dont l’une cause avec une laveuse, au bord d’un ruisseau.

Une composition qui rappelle, sous le voile de l’allégorie, la mort du terrible brigand Shuten-dôji de la montagne Oyeyama, tué par Kintoki et ses héroïques amis, travestis en prêtres. Or, ces femmes portent sur le dos les hottes-armoires, dans lesquelles les prêtres, les justiciers de Shuten-dôji, portaient les Boudha et autres figurations religieuses.

Impression tryptique.


Le prince exilé entre les deux porteuses de sel, Matzugazé et Mourasamé.

Impression tryptique déjà décrite.


Les trois coupes.

Composition allégorique entre sennins, hommes et femmes de longévité.

Impression tryptique.


Occupations du printemps.

Pièce allusive aux sept dieux de l’Olympe japonais.

L’Olympe japonais est composé de Benten, Bishamon, Daikoku, Yébisu, Fukuroku — Jiu, Hoteï, Juro, les sept Kamis : Benten, la déesse des arts et de l’habileté manuelle, représentée, la tête ceinte d’une couronne d’or, et jouant ordinairement du biwa, de la mandoline à quatre cordes ; — Bishamon, le dieu et le patron des soldats, cuirassé et casqué, et tenant d’habitude, dans sa main gauche, une petite pagode, où sont enfermées les âmes des dévots, qu’il a mission de défendre ; — Yébisu, le père nourricier du Japon, avec les centaines de poissons, de crabes, de mollusques, d’herbes marines comestibles de ses mers, et ses vingt-six espèces de moules et de coquillages, le dieu de la mer, le patron des pêcheurs, reconnaissable à son gros fessier dans un pantalon à damier, à son large rire de polichinelle osque, à sa ligne ou pend un tay, le poisson préféré du japonais ; — Daikoku, le dieu de la richesse, un maillet à la main, assis sur un sac de riz ; — Fukuroku-Jiu, le dieu de la longévité, vieillard à barbe blanche, au front conique et démesurément élevé par sa méditation continuelle, appuyé sur un bâton de voyage ; — Hotei, le dieu de l’enfance portant sur le dos un barillet, rempli de friandises pour les enfants qui sont sages, et qui est quelquefois figuré avec des yeux tout autour de la tête, à l’effet de voir les enfants méchants ; — enfin Juro, dieu de la prospérité, le plus souvent monté sur un cerf, et figuré sous un bonnet carré, déroulant un grand rouleau, un édit de bonheur général.

Impression tryptique.


Pinceau authentique de Daikoku.

Une planche représente Daikoku, devant une petite table, faisant son portrait sur un kakémono, tout entouré de femmes, dont l’une, agenouillée, roule un portrait déjà fait du dieu, tandis qu’il est dominé par une autre élégante et charmante femme, qui s’apprête à lui tendre une feuille de papier, pour que le portrait qu’il est en train de faire, une fois fini, il en recommence un autre pour elle.

Impression tryptique.


Année de bonne récolte.

Composition satirique sur les dieux s’amusant à jouer une pièce de théâtre.

Impression tryptique.


Le mariage de la déesse Benten.

Composition caricaturale représentant le mariage de la déesse, avec une figure à grosse tête, au milieu de six mannequins grotesques, figurant les six dieux — cela dans le rire de femmes, — rire qui fait du visage d’une mousmé une figure pareille aux figures, libidineusement comiques, de certains petits masques en ivoire.

Impression tryptique.


Les dieux de l’Olympe japonais.

Autre composition sans titre, où l’on voit, à droite de la planche, une fillette palpant l’énorme ventre de carton d’une figuration de Yébisu, tandis qu’une jeune femme lui présente un flacon de saké en poterie brune, où est modelé son portrait ; de l’autre côté un Fuyuroku-Jiu, dont le gigantesque front est fait par une amphore surmontée d’une théière : un Fukuroku-jiu échafaudé de pièces et de morceaux par des enfants, tandis qu’au milieu la déesse Benten joue du schamisen.

Impression tryptique.


Une réunion de femmes dans un grand bateau de plaisance.

Composition allégorique, où par divers symboles, dans ce bateau dont la proue est faite d’un gigantesque Ho-ô sculpté et colorié, les sept femmes qui y figurent représentent les sept dieux et déesses de l’Olympe : Hotei, Juro, Bishamon, Daikoku, Yebisu, Fukuroku-Jiu, Benten.

Impression tryptique.


Un bateau décoratif à la proue terminée par un dragon, et peuplé de femmes représentant l’Olympe, par le port qu’elles font sur elle d’un attribut d’un dieu de là-bas : l’une ayant en main le marteau de Daikoku, l’autre la tortue de Jiurô, enfin une autre tenant au bout d’un long bambou passé au-dessus de son épaule, un écran et une boîte à dépêche, l’attribut d’un autre dieu.

Composition différente de la précédente.

Impression tryptique.


Un bateau à la carène finissant en tête de Ho-ô, et contenant un Olympe japonais, représenté par des enfants figurant Daikoku, Bischamon, etc., et le bateau monté sur des roulettes est traîné par des femmes, dont l’une accroupie sur le côté, allaite un nourrisson, jouant un Hoteï à la mamelle.

Cette impression, sur le modèle d’un grand jouet d’enfant, est curieuse par sa date : le Jour de l’an 1805, Outamaro est mort en 1806.

Impression tryptique.


Les plaisirs de Taïkô avec ses cinq femmes dans l’est de la capitale.

Planche décrite plus haut.


Les musiciennes modernes.

Une des musiciennes tenant à la main le plectre d’ivoire, dont elle va jouer.

Impression tryptique.


Les filles modernes de bon avenir.

Impression tryptique.


L’antichambre d’une maison de thé, pendant le Niwaka (le carnaval).

Devant une courtisane et un Japonais assis au fond de la pièce, se tiennent à droite les guesha, costumées en jeunes garçons, les cheveux coupés, tandis qu’un taïkomati accroupi par terre, et faisant le geste de s’essuyer le front, cause un moment avec la courtisane, ayant déposé à côté de lui son déguisement, sa trompette et son chapeau coréen, un chapeau vert pointu, surmonté de plumes.

Impression tryptique.


Courtisanes réunies dans le salon d’honneur.

Dans les premières épreuves, le fond est blanc, dans les réimpressions, le fond est rempli, sur les trois planches, par le grand Hô-ô, qu’on voit peindre par Outamaro, dans la dernière planche du second volume des Maisons Vertes.

Impression tryptique.


Grande fête de la première soirée.

Deux courtisanes dans un corridor, regardant dans le salon, où se passe la fête ; une femme accroupie dans une chambre à côté, ayant l’air de tendre l’oreille à la musique.

Impression tryptique.


Le matin dans une Maison Verte.

Les adieux adressés par une femme à un Japonais, dont on voit la tête et le torse en la descente de l’escalier. Dans la planche du milieu, une femme causant avec une amie, la main posée sur les reins d’un homme de service, accroupi de dos à côté d’elle. Dans la planche droite, une femme en conversation, à travers une moustiquaire, avec un Japonais fumant sa pipe : conversation qu’écoute une longue et élégante femme à moitié masquée par un paravent.

Impression tryptique.


Bateau de fleurs rempli de femmes assises dans la cabine, surmontée sur le toit du batelier fumant, une cuisse et une jambe nues, impudiquement jetées par-dessus la balustrade.

Planche tryptique.


Deux courtisanes en buste, tenant chacune sur un plateau en laque, une poupée représentant des lutteurs célèbres de l’époque, dont chacun porte son nom sur son jupon : l’un s’appelant Hiraïshi, l’autre Raïdu.

Impression tryptique ou peut-être une série de trois pour album.


Le théâtre déguisé dans les Maisons Vertes.

Dans le jardin d’une Maison Verte, une femme apporte sur un plateau de laque noir, pour l’amusement des courtisanes, une grande poupée tenant un parasol ouvert, qui est la représentation un peu caricaturale d’un acteur connu.

Impression tryptique.


Des femmes d’une Maison Verte occupées d’une illumination : les unes mettant des lumières dans des lanternes rouges, les autres les suspendant à une treille, garnie de glycines en fleurs.

Impression tryptique.


Une soirée d’été.

Près d’un pont illuminé de lanternes, la rivière toute couverte de bateaux, remplis de femmes, dont l’une penchée sur l’eau, est en train de laver une coupe à saké, en laque rouge.

Planche tryptique.

Impressions composées de cinq planches

Le marché du jour de l’an.

Impression composée de cinq planches, décrite plus haut.


La fête des garçons.

Impression composée de cinq planches, décrite plus haut.


La rue de Yédo Sourouga-tchô, devant les magasins de soieries.

Des boutiques fermées par des rideaux, et sous le relèvement desquels, on voit dans le fond, la montre des étoffes étalées devant les acheteurs, assis en cercle parterre.

Impression de cinq planches.


Les fleurs des cinq fêtes.

Cinq femmes, sous un lambrequin violet, semé de fleurs de cerisiers, ayant près d’elle dans un vase ou une applique, un arbuste fleuri de la saison, où se passe la fête.

Impression composée de cinq planches.


Promenade de femmes nobles et d’enfants, sous des parasols bleus. À leur suite marche un domestique portant une cantine dans un sac, et le barillet de saké.

Impression composée de cinq planches.


L’averse.

Impression composée de cinq planches, décrite plus haut.


Chanteuses, fleurs de Yédo.

Impression composée, je crois, de cinq planches.


Les musiciennes :

Une série de cinq femmes, accroupies sur une natte pourpre, et jouant du schamisen, de la biva, du koma-fouyé, du koto, du tossoumi.

Composition des plus charmantes, et que surmonte une bande ornementale d’un goût délicieux : une bande rose semée de fleurs blanches de cerisiers.

Impression composée de cinq planches.


Dans la rue, des femmes, des enfants, et au milieu, sur le dos des porteurs, les malles à vêtements, les malles contenant les livraisons faites par les magasins.

Impression composée, je crois, de cinq planches.


Soirée d’ouverture de la Soumida.

Un ciel, ou éclate dans une nuit pleine d’étoiles un feu d’artifice, et sur l’eau, un encombrement de bateaux de femmes, au milieu des disputes de bateliers.

Impression composée de cinq planches.


Japonaises sur une terrasse, au bord d’une rivière, dont l’autre rive renferme, dans son vert paysage, un grand pont sur pilotis. Couchées, accroupies, agenouillées, ces femmes lisent, prennent du thé, font de la musique.

Impression composée de cinq planches.


Procession d’enfants.

Une marche joueuse d’enfants, dont l’un porte une lance en fer, garni d’une houppe de plumes.

Impression sans doute composée de cinq planches.


Le grand nettoyage d’une Maison Verte à la fin de l’année.

Impression composée de cinq planches, déjà décrite.

Impressions composées de six planches

Les six Tamagawa.

Promenade des femmes dans la campagne, où un enfant marche dans un ruisseau, près d’une laveuse en train de battre le linge avec un rouleau.

Impressions composées de sept planches

Cortège de l’ambassadeur de Corée, reproduit dans un Niwaka par des gueshas.

Impression composée de sept planches, décrite plus haut.

  1. Cela explique l’état fatigué, enfumé de la plupart de ces impressions, et la difficulté de les rencontrer dans les conditions, où l’on possède les estampes européennes.
  2. Sur l’éducation des enfants, donnons cette note curieuse de M. Hayashi, dans la publication sur le Japon, parue dans le Paris illustré.

    L’éducation, au moment de la publication de ces estampes, était donnée par les parents et s’appelait : Éducation du Jardin de famille.

    Elle consistait : 1o à apprendre, à lire l’alphabet japonais et les caractères chinois les plus utiles ; 2o à faire entrer dans l’idée de l’enfant les principes moraux de Confucius, résumés aux devoirs envers les maîtres, les parents, les amis.

    Il était d’usage que les parents racontassent aux enfants, le soir, après dîner, toutes sortes de légendes nationales ou d’histoires de la Chine, qui pouvaient servir de modèle de conduite.

    Lorsqu’un enfant n’était pas sage, on le menaçait en lui disant qu’il n’entendrait pas telle ou telle histoire, et il obéissait de suite. Ainsi avant d’arriver à l’âge, où l’on apprend à lire, les enfants connaissaient bien des choses de la vie. Car on ne leur racontait pas des contes de Barbe bleue, des miracles boudhiques, on leur racontait la biographie des hommes célèbres.

    Il y avait aussi des institutions privées, tenues par des maîtres et des institutrices, qui non seulement apprenaient aux enfants à lire et à écrire, mais leur enseignaient encore la politesse et les convenances. Ces institutions portaient le nom de Tera, temple boudhique, et les élèves s’appelaient Terako, « enfants de Tera », l’éducation ayant été donnée primitivement par des prêtres boudhiques.