Ornithologie du Canada, 1ère partie/Le Sizerin


Atelier typographique de J. T. Brousseau (p. 229-230).

LE SIZERIN.[1]
(Lesser Red Poll.)


Le Sizerin porte plusieurs noms en Canada : les paysans lui en donnent un fort peu euphonique, à cause de son habitude bien connue de recueillir sur la neige en hiver ce qui tombe des chevaux.

C’est un oiseau fort gai, fort alerte, fort ressemblant au Sizerin d’Europe et que les plus grands froids ne déconcertent nullement ; sans méfiance, il permet qu’on l’approche de très près. Il couve dans le nord du continent, et place dans un petit arbre son nid formé d’herbes sèches, de fragments de laine, le tout garni à l’intérieur de plumes ; la ponte est de quatre œufs blancs, parsemés de taches rougeâtres. Les Sizerins et les Oiseaux blancs s’assemblent le printemps et l’automne par bandes, se posent près des granges ou sur les endroits où la neige a disparu à la fin de l’hiver, et sont alors capturés en grand nombre : une traînée de graines de foin ou de balle est jetée sur la neige ; le garçon de ferme se blottit avec son vieux fusil derrière l’angle de l’écurie, et avec une forte charge de cendrée, il porte la mort dans la troupe qui ne quittera l’appas que pour se percher sur le chaume du toit ; puis elle reviendra quelques moments plus tard par milliers à l’endroit même où le carnage vient d’avoir lieu, tant le Sizerin est peu défiant et ami de l’homme, son tyran, son bourreau. Les Sizerins se perchent à la cime d’un arbre et font entendre un agréable ramage, bien peu étendu, mais assez semblable au chant du Chardonneret. Au mois d’avril, le Sizerin se met en route pour le nord et reparaît en Canada l’automne suivant.

Le mâle a le bec d’un jaune pâle ; l’extrémité de la mandibule supérieure dépasse l’inférieure ; l’iris est noisette foncé ; des poils fauves recouvrent les narines ; une ligne de brun se prolonge des yeux et fait le tour de la base du bec, formant chez certains individus une plaque au-dessus du menton ; une belle calotte écarlate orne son chef ; la poitrine, le cou et le croupion sont élégamment nuancés de cette couleur, mais moins vive ; le ventre est d’un blanc sale ou d’un cendré pâle ; les côtés sont marqués d’une couleur plus foncée ; le plumage est saupoudré d’un blanc jaunâtre et d’un cendré pâle, surtout près du croupion ; les ailes sont foncées ; la queue de même, fourchue et composée de douze plumes frangées de blanc ; les primaires sont terminées de blanc ; les secondaires le sont davantage ; les couvertures des ailes sont aussi marquées de blanc, ce qui forme le cordon sur les ailes ; les cuisses sont cendrées ; les jambes et les pieds noirs ; la griffe de derrière, fort crochue et plus longue que les autres.

Longueur totale, 5, envergure, 8 .

La femelle a des couleurs moins vives sur le dos ; la poitrine plus foncée ; elle porte une calotte où le rouge tire sur le jaune ou le safran.


  1. No. 320. — Aegiotus linaris. — Baird.
    Linaria minor.Audubon.