Ornithologie du Canada, 1ère partie/Le Moucherolle noirâtre


Atelier typographique de J. T. Brousseau (p. 157-158).

LE MOUCHEROLLE NOIRÂTRE
LE PE-WIT.[1]
(Pee-wee Flycatacher.)


« C’est le premier des Moucherolles qui se montre au printemps. Précurseur des beaux jours, il annonce au jardinier qu’il peut, sans craindre des gelées nuisibles, confier à la terre les semences printanières. Son naturel ne diffère en rien de celui de ses congénères ; il promène son inquiétude dans les champs, les vergers et à la lisière des bois, où il cherche les insectes ailés qui, comme lui, devancent la belle saison. » Il se perchera sur une branche d’arbre, au-dessus d’un cours d’eau, et passera la matinée à gazouiller sa douce psalmodie pe-wee, pe-wittitee, pe-wee, et happant au vol les insectes, puis regagnant sa branche. Les œufs sont au nombre de cinq, d’un blanc mat, avec des taches rouges au gros bout. Dans les pays tempérés, il élève jusqu’à trois couvées dans une saison. Le chant du Pe-wit plaît moins par sa mélodie, que par l’idée qu’il fait naître du retour du printemps et de la verdure renaissante. Il est fort commun dans nos campagnes : le sommet des hauts érables est un des postes qu’il préfère davantage.

Il fait partie de la petite bande d’amis qui, pendant la belle saison, commencent leurs concerts autour de notre demeure avec les premiers feux de l’aurore : en échange de la protection qu’ils y reçoivent, ces hôtes mélodieux reviennent chaque année occuper le berceau de leurs amours que les années précédentes ont vu bâtir, et verser au-dessus de nos têtes des flots d’harmonie. Cette théorie que les oiseaux ont l’affection et la mémoire des lieux, appuyée du témoignage de tous les naturalistes, nous avons nous-même eu occasion plus d’une fois de la voir se vérifier à la lettre.

Le mâle a le bec et le dessus de la tête noirâtres ; le dos, le croupion, les ailes et la queue d’un olive foncé ; on aperçoit encore cette teinte sur les côtés de la poitrine dont le milieu est du même blanc qui couvre les parties antérieures et postérieures ; les pennes secondaires ont en dehors une lisière de même teinte ; les plumes des jambes sont pareilles au dos, et les pieds sont noirs.

Longueur totale, 7 ; envergure, 9 .

La femelle ne diffère du mâle qu’en ce qu’elle a le sommet de la tête d’un brun sombre.


  1. No. 135. — Sayornis fuscus. — Baird.
    Muscicapa fusca.Audubon.