Ornithologie du Canada, 1ère partie/Le Chevalier aux pattes jaunes


Atelier typographique de J. T. Brousseau (p. 377-378).

LE CHEVALIER AUX PATTES JAUNES.[1]
(Yellow Shanks Tatler.)


Cet oiseau est beaucoup plus abondant à l’ouest des Monts Alleghanny que sur les côtes de l’Atlantique ou sur les plages du Saint-Laurent. En automne, les Chevaliers voyagent par familles, s’abattent sur les battures de sable et s’aventurent dans l’eau tant loin que leurs longues échasses le permettent, pour recueillir les insectes aquatiques. Audubon les a rencontrés au Labrador, mais sans découvrir leurs nids, quoique, dit-il, ces oiseaux couvent en grand nombre à Pictou, d’après Thomas McCullock, qui affirme que leurs nids sont construits parmi les herbes sur les bords des rivières et des marais dans l’intérieur des terres. Ils ont pour habitude de courir le long du sol une certaine distance avant de prendre leur vol, puis, ils s’arrêteront comme pour vous observer, agiteront leur corps, feront entendre une voix pénétrante comme pour vous avertir que vos intentions hostiles leur sont connues, puis s’envoleront obliquement ; criant plus haut encore et avec des battements d’ailes continus, ils feront leurs évolutions autour de vous ou bien ils s’éloigneront : lorsqu’ils volent de la sorte, leurs longues pattes jaunes allongées derrière eux se voient de loin.

Si vous en blessez un de la bande, il s’enfuira à pas mesurés, secouera son corps et fera entendre des cris plaintifs ; si le blessé tombe dans l’eau, il gagnera à la nage la rive voisine avec précipitation ; si vous en approchez, il enfoncera sa tête au-dessous de l’eau, mais il ne plongera pas.

Pendant les sécheresses, ces oiseaux gagnent les hauteurs, à la recherche de sauterelles et autres insectes. On les rencontre quelquefois sur les rivages en compagnie avec d’autres espèces, mais on ne saurait pour cela dire qu’ils font société avec elles. En automne, ils prennent beaucoup d’embonpoint et se nourrissent de mollusques, de petits poissons et d’insectes aquatiques. On pense qu’ils nichent principalement dans les hautes latitudes dans le nord de l’Amérique.

Bec, noir, un quart plus long que la tête ; pieds longs, d’un jaune vif ; le sommet de la tête, les lores, le derrière et les côtés du cou d’un gris-brun foncé, striés de gris-blanc ; une ligne blanche part du bec et va jusqu’à l’œil ; le devant et les côtés du cou sont d’un gris blanc, striés de gris-brun ; le plumage en dessous est blanc ; les caudales inférieures, légèrement marquées de gris ; le dos et les scapulaires, brun olivâtre, nuancés de gris ; les plumes, pointillées de petites taches foncées et blanches ; les couvertures alaires, et les secondaires à l’intérieur, de même couleur, les mouchetures sur ces dernières formant des bandes ; les primaires, noirâtre-brun ; la tige de la penne extérieure, d’un brunâtre blanc, la tige des autres d’un brun foncé ; les bords des secondaires intérieures et médianes, blancs ; le derrière du dos, gris brunâtre ; le croupion, blanc ; les couvertures caudales supérieures et la queue, barrées de gris-brun et de blanc.

Longueur totale du mâle, 10 ; envergure, 20.


  1. No. 540. — Gambetta flavipes. — Baird.
    Tetanus flavipes.Audubon.