Odor di femina/Vue sur la Lingerie

G. Lebaucher, libraire-Éditeur (p. 54-60).

VUE SUR LA LINGERIE


Janine ne savait pas que j’avais surpris leur secret, j’avais recommandé à Marianne de n’en rien dire à son amie ; elle se tut d’autant plus volontiers, que ça la dispensait de lui révéler nos relations, que l’autre à cet aveu n’aurait pas manqué de soupçonner.

Je m’étais mis en tête de les réunir toutes les deux dans la lingerie, je jouirais du coup d’œil au moyen d’un judas que je percerais dans la cloison. Il fallut insister longtemps pour vaincre la résistance de la pudique Marianne qui rougissait chaque fois que je lui parlais de son amie, et encore y mit-elle pour condition, que Janine ne viendrait que la demi-journée le matin, et que je ne me montrerais pas.

Au jour fixé, les deux ouvrières arrivèrent à huit heures, j’étais à mon observatoire. Dès qu’elles furent entrées, elles s’embrassèrent comme deux tendres amies qui ne s’étaient pas vues depuis longtemps.

— Allons, au travail maintenant, dit Marianne, ce n’est pas l’heure de s’amuser.

— Oh ! oh ! dit Janine, dont ça ne paraissait pas faire le compte, pas avant de t’avoir embrassée là où tu sais que j’aime tant à te baiser.

— Oh ! non, pas ici ; on n’aurait qu’à venir et nous serions bien campées.

— Attends, je vais te faire changer de gamme, ma belle.

Janine se précipita sur son amie, comme une louve affamée, la prit dans ses bras, la fit basculer, les jupes se retournèrent, découvrant des genoux à la ceinture, et pendant qu’elle l’appuyait, la tête en bas, et que Marianne serrait énergiquement les cuisses pour empêcher son amie de la violer, celle-ci écarta brutalement les jambes, et plongea entre les cuisses écartées, plaquant sa bouche sur l’ouverture béante. Elle y eut un plein succès en très peu de temps, car les jambes repliées gigotaient dans l’espace.

Elle la retourna, la mit sur ses pieds et Marianne, la figure congestionnée, consentante cette fois, se laissa faire, mais elle laissa retomber ses jupes, ensevelissant l’ouvrière de son bonheur dans les ténèbres. Je ne voyais émerger que les pieds de l’agenouillée, et rien de la voluptueuse pratique qu’elle poursuivait dans l’ombre, mais j’avais sous mes yeux la mimique expressive de la béatifiée. Ses yeux roulaient dans leur orbite, son nez palpitait, ses lèvres bâillaient montrant le riche écrin crocheté, la gorge sautait, enfin je vis les hanches onduler, et j’entendis les soupirs habituels, mais moins éloquents que ceux qu’elle exhale sous ma langue.

Janine émergea de dessous les jupes, rouge, essoufflée, attendant son tour bien gagné.

Voyant qu’on ne lui offrait rien, car Marianne avait pris son ouvrage et s’asseyait tranquillement sur sa chaise :

— Eh bien ! et moi, s’écria-t-elle, je n’aurai rien vraiment.

— Non, non, pas ici, ma chérie, demain chez moi.

— Demain, demain chez toi, oui, oui, je sais bien que tu m’en donneras demain ; mais je suis pressée, et j’en veux ici, tout de suite, aujourd’hui et pas demain, je saurai bien t’y forcer.

Janine, relevant brusquement ses jupes, s’élance vers son amie assise, lui apportant son chat enflammé, qu’elle pose sur sa bouche. Celle-ci détourne la tête, mais Janine, dont ça ne fait pas l’affaire, la couvre de ses vêtements, aveuglant l’ouvrière, cambre ses reins pour lui mettre l’embouchure sur les lèvres, et de ses deux mains par-dessus la robe, elle prend la tête rebelle, la tourne et la retourne, jusqu’à ce qu’elle l’ait mise en face de l’ouvrage, car je la vois la maintenir ainsi, comme satisfaite de ce qui lui arrive. En effet elle reste immobile, les yeux au ciel, comme dans l’attente du Messie, qui arriva sans doute, car la croupe se met à onduler dans un roulement voluptueux, qui se termina par une modulation soupirée presque à haute voix.

Elle se retire enfin, démasquant son amie, qui a des moustaches d’écume, qu’elle essuie avec son mouchoir. Marianne est rouge jusqu’aux oreilles, et semble couverte de confusion.

— Mais qu’as-tu donc mangé aujourd’hui ? Tu es toute chose, tu as l’air d’être honteuse, comme si on nous voyait. Tu n’es pas ainsi chez toi.

— On aurait pu nous surprendre.

— Bah ! nous surprendre. Comme tu deviens poltronne, Marianette ! Tu n’as jamais redouté qu’on nous surprît chez toi.

Je restai encore un moment à mon poste d’observation, mais je compris à leur conversation, pendant qu’elles travaillaient, qu’elles ne reprendraient pas de sitôt leur aimable entretien, Marianne s’y refusant, je devinais bien pourquoi. Je m’en allai, regrettant de n’avoir pas sous la main de quoi éteindre l’incendie, qu’avait allumé dans ma braguette cette piquante façon d’obliger une amie à jouir d’abord, et à vous faire jouir ensuite.

J’étais sorti depuis dix minutes environ, quand j’entendis marcher dans le corridor. C’était la Roussotte, qui, sous prétexte d’aller aux « water-closets », était sortie, comptant sans doute me rencontrer sur son passage, et comme je ne pouvais guère la mener ailleurs, sans éveiller des soupçons, je la rejoignis où elle allait, et ce fut là que je la pris par la voie habituelle, les jupes troussées, un genou sur le siège.

Je m’aperçus à la chaleur des entrailles, dans lesquelles je déposai mon offrande, et à autre chose aussi, qu’elle n’était pas sortie sans motif.

— Ayez toujours du papier dans vos poches, lui dis-je en lui glissant généreusement un chiffon de cinquante francs dans la main, et en jetant mon mouchoir souillé dans le ventre de l’abîme.

Je sortis sans m’assurer de ce qu’elle allait faire du papier, mais à coup sûr, elle n’en fit pas le même usage que moi de mon mouchoir.

Je regagnai mon observatoire un peu avant midi. Janine renouvelait ses tentatives, implorant son amie qui fut inébranlable. Cependant, quand elles furent debout pour sortir, Marianne vaincue se laissa faire, l’amie se glissa sous les jupes. Soudain, mue par un bon mouvement, la jeune femme prit ses jupes dans ses mains, les releva très haut par devant et par derrière, me montrant ses belles fesses nues, elle me tournait le dos, se dévouant au régal de mes yeux, car elle aurait pu aussi bien ne lever que le devant.

Bientôt en effet j’assistai à un joli spectacle, je voyais distinctement l’ouvrière agenouillée travailler avec ardeur entre les cuisses, le cou tordu, tandis que je voyais les jolies fesses blanches se tortiller, se secouer, se dandiner, se tordre enfin en roulements voluptueux. Elle resta ainsi nue jusqu’à ce que l’ouvrière se fût relevée, implorant sa revanche. Mais Marianne impassible ne voulut à aucun prix lui rendre la pareille.

— Tu me le paieras, lui dit Janine en la menaçant du doigt.

L’après-midi se passa en aimables passe-temps ; mais chaque fois que je faisais allusion à sa résistance et à leurs jeux du matin, elle rougissait jusqu’au blanc des yeux. Où diable ; la pudeur va-t-elle se nicher.

  1. Aurait été imprimé en réalité à Paris, mais inscrit Montréal en contrefaçon. Voir Histoire du livre et de l’imprimé au Canada