Odor di femina/Dernier mot

G. Lebaucher, libraire-Éditeur (p. 169-171).

DERNIER MOT


Je passai quelques jours au pays, mais l’hiver n’est guère favorable aux amours champêtres. Je revis à la dérobée quelques-unes de mes aimables chaussepieds, entre autres, la chaude Madelon qui, devant convoler quelques jours après en justes noces, grâce à mes libéralités, me permit de lui injecter le sein neuf fois durant les trois jours qui précédèrent la cérémonie, risquant le paquet, pour dix louis ; et s’il n’y est pas resté le paquet, il n’y aura pas eu de ma faute ni de la sienne car je me dégorgeais, entré jusqu’aux bourses, immobile, le gland plongé dans le col de l’utérus qui me pinçait là-haut, aspirant la semence jusqu’à la dernière goutte, tandis que la chaude fille se tordait sous mon corps, jouissant comme une possédée ; je restai quelquefois une heure sur le corps électrisé, navigant sans désemparer jusqu’à la troisième émission.

Mais ces rencontres avec ces aimables prêteuses de fourreaux de toutes sortes étaient trop espacées et trop malaisées pour compter en faire un ordinaire, et je regagnai Paris vers la fin de décembre, comptant au retour de la belle saison revenir bien vite à la campagne reprendre mes études de plastique comparée sur mes études champêtres.

Je retrouvai à Paris les poupées en cire que j’y avais laissées, augmentées de quelques nouvelles recrues, qui n’étaient pas faites pour me faire oublier les ardentes encroupées de mon coin de terre, là-bas sous le soleil du Midi. Aussi je n’en abusai pas. Comment peut-on se mettre en frais pour ces colombes en carton pâte, qui vous subissent pour empocher votre or, vous laissant toute la besogne, de sorte que, mal secondé, vous éprouvez du… soulagement quand vous avez achevé votre labeur fatigant.

À la bonne heure, nos robustes paysannes ! Elles y vont de bon cœur celles-là, toujours disposées à jouer du croupion, vous donnant gentiment la réplique, vous secondant par des ripostes énergiques, vous offrant pour l’œil, pour les lèvres, pour la main, et même pour la dent, car j’aime à y mordre de la belle chair fraîche, de la chair ferme, de la chair élastique, de la belle viande rose, comme celle d’un jambon d’York, tout ça assaisonné du fumet de la nature, la véritable « odor di femina », qui vaut bien, je pense, le musc écœurant de toutes les peaux tanées de vos poupées en cire molle.


fin
  1. Aurait été imprimé en réalité à Paris, mais inscrit Montréal en contrefaçon. Voir Histoire du livre et de l’imprimé au Canada