Odes (Horace, Leconte de Lisle)/III/25
Traduction Leconte de Lisle, 1873
Où m’entraînes-tu, Bacchus, plein de toi ? Dans
quels bois, dans quelles cavernes suis-je emporté
par un esprit nouveau ? Dans quels antres serai-je
entendu, méditant d’introduire l’éternel honneur de
l’illustre Cæsar parmi les étoiles et dans le conseil
de Jupiter ? Ce que je dirai sera sublime, nouveau,
non encore dit par une autre bouche. Ainsi qu’au
faîte des monts, l’Evias, sans sommeil, contemple,
étonnée, l’Hébrus, la Thrace blanche de neige, la
Rhodopé foulée par des pieds barbares, ainsi il
me plaît d’admirer les rivages et le bois désert où
je m’égare. Ô maître des Naïades et des Bacchantes qui peuvent, de leurs mains, déraciner les
hauts frênes, je ne dirai rien de faible, rien d’humble, rien de mortel. Le péril est donc, ô
Lenæus, de suivre le Dieu qui ceint ses tempes
d’un pampre vert !