Odes (Horace, Leconte de Lisle)/II/20

1er siècle av. J.-C.
Traduction Leconte de Lisle, 1873
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Ode XX. — À MÆCENAS.


L’aile qui m’emportera, poëte revêtu d’une autre forme, à travers l’æther liquide, ne sera ni vulgaire, ni faible ; et je ne resterai pas plus longtemps sur la terre ; et, plus grand que l’envie,

Je quitterai les villes. Je ne mourrai point, moi qui suis né de pauvres parents, moi que tu nommes ton ami, Mæcenas, et l’onde Stygianne ne me retiendra point.

Voici déjà que de rudes peaux couvrent mes jambes, que le haut de mon corps se change en cygne blanc, et que des plumes poussent sur mes doigts et mes épaules.

Plus rapide que le Dædaléen Icarus, je vois, cygne harmonieux, les rives gémissantes du Bosphorus et les Syrtes Gætuliennes et les plaines Hyperborées.

Colchus, et le Dace qui dissimule sa terreur des cohortes Marses, et les Gélons lointains me connaîtront ; j’instruirai l’Ibère et ceux qui boivent au Rhône.

Qu’il n’y ait ni lamentations, ni lugubres gémissements à mes vaines funérailles ! Retiens tes cris et ne rends point d’inutiles honneurs à mon tombeau.