Odes (Horace, Leconte de Lisle)/II/17

1er siècle av. J.-C.
Traduction Leconte de Lisle, 1873
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Ode XVII. — À MÆCENAS.


Pourquoi me fais-tu mourir par tes plaintes ? Il ne plaît ni aux Dieux, ni à moi, que ta vie cesse avant la mienne, Mæcenas, ma gloire et mon appui !

Ah ! si une force plus prompte m’enlève en toi une part de mon âme, comment l’autre part pourra-t-elle survivre, incomplète et sans prix ? Un même jour

Amènera notre ruine à tous deux. Non, je ne fais point un vain serment. Dès que tu m’auras précédé, nous irons, nous prendrons ensemble le chemin suprême.

Ni le souffle de la Chimère enflammée, ni le centimane Gygès ne pourront jamais m’arracher à toi. Telle est la volonté de la puissante Justice et des Parques.

Soit que la Balance m’ait vu naître, ou le Scorpion formidable, signe le plus funeste à l’heure natale, ou le Capricorne, tyran de l’onde Hespérienne,

Nos deux astres s’accordent incroyablement. La splendeur tutélaire de Jupiter t’a garanti de l’influence Saturnienne et a ralenti le vol du destin ailé,

Quand le peuple en foule au théâtre, te salua trois fois d’un cri joyeux ; et moi, la chute d’un arbre m’eût écrasé la tête, si Faunus,

Gardien de ceux qu’aime Mercurius, n’eût de sa droite détourné le coup. Songe aux victimes promises et au temple votif ; moi, je sacrifierai une humble brebis.