Odes (Horace, Leconte de Lisle)/I/12

1er siècle av. J.-C.
Traduction Leconte de Lisle, 1873
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Quel homme ou quel héros, sur la lyre ou sur la flûte aiguë, vas-tu célébrer, Clio ? Quel Dieu ? L’écho joyeux répétera son nom,

Soit dans les ombreuses vallées de l’Hélico, soit sur le Pindus ou sur l’Hæmus glacé d’où les forêts suivirent Orpheus qui chantait,

Arrêtant, par l’art maternel, la chute rapide des fleuves et les vents agiles, tandis que la douceur du chant entraînait les chênes attentifs aux sons de la lyre.

Que dirai-je avant les louanges accoutumées du Père, lui qui mène les choses des hommes et des Dieux, et qui règle, à l’aide des saisons variées, la mer et la terre et le monde ?

Il n’engendre rien de plus grand que lui-même, rien de semblable, rien qui le seconde. Cependant, après lui, Pallas est revêtue des premiers honneurs.

Je ne t’oublierai pas. Liber, audacieux dans le combat, ni toi, Vierge, ennemie des bêtes farouches, ni toi, Phœbus, redoutable par ta flèche certaine.

Je dirai et Alcidès et les enfants de Léda, l’un illustre par les chevaux, l’autre par les poings. Dès que leur blanche étoile luit aux matelots,

L’écume agitée reflue des rochers, les vents tombent, les nuées s’enfuient et l’onde menaçante, ainsi qu’ils le veulent, s’affaisse dans la mer.

Après eux, je dirai d’abord Romulus, et le règne tranquille de Pompilius, et les orgueilleux faisceaux de Tarquinus et la noble mort de Cato.

J’illustrerai volontiers de ma muse Régulus, et les Scaurus, et Paulus, prodigue de sa grande âme après la victoire Pœnique, et Fabricius ;

Puis, Curius aux longs cheveux, et Camillus, que la rude pauvreté, le domaine paternel et ses Lares étroits ont formé tous deux pour la guerre.

Elle croît, comme un arbre, par le travail caché du temps, la renommée de Marcellus. L’astre Julien brille entre tous, tel que la Lune parmi les feux inférieurs.

Père et gardien de la race humaine, né de Saturnus, le souci des destinées du grand Cæsar t’a été confié, et Cæsar règne après toi.

Soit qu’il dompte par un juste triomphe les Parthes qui menacent le Latium ; soit qu’il soumette, vers l’Orient, les Sères et les Indiens,

Il régira équitablement, après toi, le large univers ; et tu ébranleras l’Olympus sous ton char terrible, et tu enverras les foudres vengeresses à qui profanera les bois sacrés