Maison d’éditions et d’impressions Anct AD. Hoste, S. A. (p. 60).

XV.

ANGES GARDIENS.


Les arbres, au printemps, aux bords des champs de blés,
Sont des anges gardiens vêtus de robes vertes,
Bénissant le froment, les ailes entr’ouvertes,
Tressaillant dans le vent, déjà presqu’envolés.

De leurs bras soulevés les retombantes manches
S’emperlent de rosée et traînent sur le sol.
Dans leur sein font leurs nids bouvreuil et rossignol,
La colombe roucoule aux couronnes des branches.

Ils ont pris leur élan pour s’envoler au ciel,
Un soir de lune blanche, où la brume était rose.
Mais le blé les implore : — « Oh ! restez, car je n’ose
Livrer sans vous ma vie au moissonneur cruel. »