Nox (Verne)
Nox
La nuit qui remplissait l’espace,
Passe
Avec son voile aérien.
C’était ma compagne fidèle !
Maintenant, que reste-t-il d’elle ?
Rien.
Et pourtant, combien je préfère
Faire
Dormant
Ment !
Où peut-on trouver de meilleures
Heures
Que dans son vol silencieux !
Aussi, fussiez-vous sans étoiles,
Cachez-vous dans ses sombres voiles,
Cieux !
C’est que la nuit fait, même en rêve,
Trève
À nos maux les plus attristants,
Et qu’elle sait
Mettre un terme à l’interminable
Temps.
Aussi, le temps, fléau de l’homme,
Comme
Il s’efface devant la nuit !
Comme l’on sent qu’il a peur d’elle
Et qui son vol à tire d’aile
Fuit !
Que le temps, hydre renaissante,
Sente
De notre bras !
De cette monstrueuse bête
Qui chaque coup tranche une tête
Ras !
Et si la besogne trop dure
Dure
Trop longtemps pour toi
Frère invite
Celle qui peut t’aider, invite
Moi !
Pour abattre l’hydre en furie,
Crie !
La nuit entendra tes clameurs.
« Je suis à toi, te dira-t-elle,
Et si tu me veux éternelle,
Meurs ! »