Poésies de André LemoyneAlphonse Lemerre, éditeur1855-1870 (p. 191-192).

Novembre

 


LE FILS.

Quand le froid des hivers chasse les hirondelles
Loin de notre pays, ma mère, où s’en vont-elles ?


LA MÈRE.

Mon fils, d’un vol rapide elles passent les mers.
Et retrouvent ensemble, après un long voyage,
Un ciel bleu, du soleil et de grands arbres verts.


LE FILS.

Mère, il est donc là-bas un paisible rivage
Où ne grondent jamais les tristes vents du nord ?



LA MÈRE.

Oui. — Là-bas le printemps sourit aux hirondelles ;
Là-bas les jours sont beaux, là-bas les nuits sont belles ;
Là-bas la rose blanche a des fleurs immortelles,
Et la vigne toujours garde ses raisins d’or.


LE FILS.

O ma mère, si Dieu nous eût donné des ailes,
Nous partirions tous deux comme les hirondelles ! —
J’ai froid. — Pour nous bientôt le soleil s’éteindra.
Ma mère, prions Dieu de nous donner des ailes.


LA MÈRE.

Enfant, console-toi. — Dieu nous en donnera.