Nouveaux contes berbères (Basset)/73

Ernest Leroux, éditeur (Collection de contes et de chansons populaires, XXIIIp. 26-27).

73

Le lion, le chacal, la hyène et le mulet. (141)
(Mzab).

Le chacal partît un jour avec le lion, la hyène et le mulet pour chercher de quoi manger. Ils ne trouvèrent rien. L’orage les surprit : ils entrèrent dans une grotte pour s’abriter. Ils y demeurèrent six jours. Ils eurent faim et la détresse les saisit. Ils dirent au roi des animaux : « Réfléchis à notre situation misérable. — Qui d’entre vous sait écrire ? demanda-t-il. — C’est le mulet qui est le t’aleb ». Le lion dit au mulet : « Écris-moi une lettre. » Il lui répondit : « Sors dans la campagne, nous sommes trop à l’étroit ici, j’écrirai avec mes pieds de derrière. » Il le frappa entre les yeux, le lion tomba par terre et le mulet se sauva.

Le lion dit : « Je suis malade. » Le chacal fit semblant de pleurer. La hyène vint lui coudre un fil et elle ajouta : « Amène-nous un chameau pour que je te guérisse avec sa peau. » Ils écorchèrent un chameau et le lion leur dit : « Mangez la chair de cette bête puisque vous avez faim. » Ils lui répondirent : « Nous ne nous inquiétons que de toi : ne cherches-tu pas à manger ? — Auparavant, étends la peau. » Ils le firent coucher dedans et la cousirent sur lui. « Vous me bouchez les yeux, dit-il. — Attends que nous ayons mangé et tu seras bien. » Ils s’en allèrent se repaître de la chair du chameau et restèrent trois jours absents. Ils se mirent alors en quête du lion et le trouvèrent mort.

Le chacal prit sa peau pour effrayer avec elle les lions. Il les rencontra et ils lui dirent : « Où portes-tu cela, voleur ? » Il leur répondit : « À celui qui est au-dessus de vous : si vous allez à tel endroit, il vous tuera tous. — Qui a tué notre cousin, demandèrent-ils. — C’est un chasseur très méchant. » Ils s’enfuirent (142).