Nouveaux contes berbères (Basset)/119

Ernest Leroux, éditeur (Collection de contes et de chansons populaires, XXIIIp. 166-167).

119

Part à deux (219).
(Oued Righ).

Un chef alla dire à son serviteur : « Je veux que tu cherches un homme qui me fasse rire, amène-le ; s’il me fait rire, je lui donnerai cent réaux ; sinon, cent coups. » Le serviteur sortit et vit un homme appelé El ’Askalani, il lui dit : « Je t’appelle pour une tâche facile qui te rapportera cent réaux. — Laquelle ? — Si tu fais rire le chef, il te donnera cent réaux, sinon cent coups. — Je le ferai rire. » Le serviteur reprit : « Je t’amènerai, mais tu ne prendras que ce que je te donnerai, cinquante réaux (j’en garderai la moitié). » El ’Askalani alla avec lui chez le chef. Il entra, se plaça devant lui et lui raconta des histoires. L’autre ne rit pas et dit : « Donnez-lui cent coups. » On commença à le frapper. Quand il fut arrivé à cinquante, il dit : « Laissez le reste, c’est le serviteur qui m’a amené qui les recevra ; il m’a dit : si tu reçois cent réaux, tu m’en donneras la moitié. Donnez-lui en cinquante autant que j’en ai reçu. Nous partagerons les coups comme l’argent. » Le chef se mit à rire au point de tomber à la renverse ; il lui donna cent réaux. L’homme s’en alla joyeux (220).