Nouveaux contes berbères (Basset)/105

Ernest Leroux, éditeur (Collection de contes et de chansons populaires, XXIIIp. 108-110).

105

Le cheval magique (194).
(Chelh’a du Sous).

Il était un roi qui avait un fils beau comme la lune. Un jour, il reçut la visite d’un magicien qui lui fit présent d’un cheval de fer auquel il avait fabriqué des ressorts pour monter au ciel. Le roi fut très content de ce présent et le mit dans un pavillon.

Le fils du roi alla prendre le cheval et le monta de nuit pour ne pas être vu de son père, il remua les ressorts et s’éleva très haut vers le ciel ; alors il lâcha les ressorts et descendit dans une ville sur la maison d’un autre roi. Il faisait nuit, le jeune homme trouva un pavillon encore éclairé ; il y entra et vit une princesse belle comme la lune. Elle eut peur, mais il lui adressa la parole et lui dit : « Je suis un homme et non un génie. » Elle se divertit avec lui et quand il eut fini de boire et de manger, il lui dit : « Allons, viens avec moi dans mon pays. — Si tu veux m’épouser, j’irai, lui répondit-elle. — Je t’en donne l’engagement. »

Ils partirent montés sur le cheval qui les emporta vers le ciel. Quand le temps fut clair, le prince aperçut la ville de son père. Il abaissa son cheval et quand il fut arrivé à un jardin, il mit pied à terre, laissant la jeune fille et sa monture, pour aller parler à son père de la personne qu’il avait ramenée. Le roi se réjouit beaucoup. Mais le magicien connaissait l’aventure ; il partit immédiatement, trouva le cheval et la jeune fille qu’il portait, s’empara d’elle et la conduisit chez un autre roi pour la lui donner.

Revenons à l’histoire du prince. Quand il sortit, lui et son père, il trouva que la princesse et le cheval avaient disparu. Le roi fit chercher sur-le-champ le magicien ; il n’y était plus. « C’est lui qui a fait le coup », dit-il. Le jeune homme pleura beaucoup, puis attendit. Un jour il partit à cheval à la recherche de la princesse et du magicien. Il trouva de leurs nouvelles dans une autre ville. Il s’y rendit. Le roi voulait épouser la jeune fille qui s’y refusait, feignant d’être malade et possédée par les djinns. Le roi envoya chercher des t’olba pour la guérir. Aucun n’y avait réussi quand arriva le jeune homme ; il vit la princesse et lui parla. Elle le reconnut et lui demanda : « Qu’est devenu la promesse que tu m’as faite ! — Elle existe toujours. » Il resta avec elle ; la nuit venue, elle alla chercher le cheval qu’ils montèrent ; ils partirent, laissant le roi. Le prince arriva à la ville de son père où il épousa la jeune fille ; il en eut deux enfants. Quand son père mourut, il lui succéda.