Notices sur M. le comte Chaptal, et discours prononcés sur sa tombe, le 1er août 1832/Lasteyrie

DISCOURS

DE M. le comte DE LASTEYRIE.


J’aurais à vous entretenir longuement, Messieurs, si je voulais rappeler à votre mémoire les nombreux travaux scientifiques de notre collègue Chaptal, et les services variés qu’il a rendus à sa patrie durant le cours d’une longue carrière. S’étant livré à la chimie dès sa plus tendre jeunesse, il a su, à une époque où l’application de cette science ne s’était pas encore portée vers le but définitif auquel elle doit tendre, le perfectionnement des arts ; il a su, dis-je, lui donner une direction qui a décuplé nos jouissances et enrichi notre industrie d’une grande variété de produits. Le perfectionnement et l’avancement des arts furent toujours sa passion dominante dans les diverses positions de sa vie où il s’est trouvé, soit comme particulier, soit comme homme public. Parvenu au ministère, non seulement il donna aux arts de puissans encouragemens, mais il ne cessa pas même alors de les enrichir de ses lumières et de ses méditations. D’autres, plus habiles que moi, feront ressortir le mérite scientifique des ouvrages qu’il a publiés, et les services qu’il a rendus dans tout le cours de sa carrière politique.

Mais je dois lui rendre, au nom de la Société d’Encouragement dont il fut un des premiers fondateurs, et qu’il a présidée pendant une longue suite d’années, l’hommage de la reconnaissance qui lui est due pour le zèle, l’assiduité, les conseils et les lumières qu’il n’a cessé d’apporter au milieu de nos réunions et de nos travaux. Chaptal connaissait toute la puissance des associations qui se forment dans un but d’utilité publique. Il avait prévu, dès l’origine de la Société d’Encouragement, les services nombreux que cette Société devait rendre à l’industrie française. Il n’a pas été trompé dans sa prévision, et il emporte avec lui la consolation la plus douce, la seule qui appartienne à l’homme de bien, celle d’avoir employé une vie active au bien-être et à la prospérité de sa patrie.

Adieu, Chaptal ; repose tranquillement dans cette terre que tu as fécondée par tes travaux ; tu vivras dans la mémoire des hommes, qui n’oublieront pas les services nombreux que tu as rendus à la science, à l’industrie et à l’humanité tout entière !