Notice sur M. Cl. J. Rich
Les lettres orientales, et la Société Asiatique, viennent de perdre M. Claudius-James Rich, résidant d’Angleterre à Bagdad. Il est mort à Schiraz, le 5 octobre 1821, victime du colera-morbus, au moment où il venait de terminer un intéressant voyage dans les régions inconnues que renferment les montagnes du Kurdistan. M. Rich entra jeune au service de la compagnie, en 1803 ; un séjour de quatre années à Constantinople, à Smyrne, à Alexandrie, au Caire et en Syrie, où il visita Halep et Damas, lui donna les moyens d’acquérir une grande connaissance des langues orientales, et de l’arabe en particulier. Il alla ensuite à Bombay, où il fut, en 1807, nommé résidant à Bagdad, et pendant quinze ans il a rempli cette charge avec distinction. Pendant son séjour à Bagdad, M. Rich a eu l’occasion de faire un grand nombre de recherches d’antiquité ; il a réuni une belle collection de manuscrits orientaux, de médailles précieuses et d’objets antiques de tous les genres, particulièrement des monumens babyloniens qu’il a recueillis dans les visites nombreuses qu’il a faites aux ruines de l’antique Babylone. Plusieurs des observations scientifiques qu’il a recueillies dans ses voyages, le catalogue de ses manuscrits orientaux, la description de beaucoup de monumens asiatiques de sa collection, ont été insérés dans les derniers numéros des Mines de l’Orient. La relation de son voyage aux ruines de Babylone a été traduite en français en 1818, un volume in-8o., par M. Raymond, ancien consul à Bassora, qui y a joint beaucoup d’observations importantes pour la géographie des régions arrosées par le Tigre et l’Euphrate. En 1820, pour rétablir sa santé extrêmement affaiblie, M. Rich entreprit un voyage dans le Kurdistan : il visita les ruines de Séleucie, de Ctésiphon, de Ninive, aussi bien que la plupart des villes élevées dans ces régions montagneuses, par les rois de Perse de la dynastie des Sassanides, et il fit partout des observations astronomiques pour prendre la hauteur des lieux qu’il visitait, rassemblant ainsi une grande quantité de matériaux pour éclaircir la géographie, et rectifier les cartes de ces contrées si mal connues. Les extraits de deux de ses lettres adressées à M. le baron Silvestre de Sacy, qui ont été insérés dans le Journal des Savans (mai 1821 et avril 1822), peuvent contribuer à donner une idée très-avantageuse des résultats qu’on devait obtenir des voyages de M. Rich dans le Kurdistan. On espère que ces observations ne seront pas perdues pour la science, et qu’elles seront publiées prochainement.