Notes et Sonnets/Pardon, cher Olivier

Notes et SonnetsMichel Lévy frères. (p. 322-323).

SONNET


Pardon, cher Olivier, si votre alpestre audace
Jusqu’aux hardis sommets ne me décide pas ;
Si quelque chose en moi résiste et pèse en bas ;
Si, pour un seul ravin, tantôt j’ai crié grâce !


Tous oiseaux à l’envi ne fendent tout l’espace,
Toutes fleurs n’ont séjour, passé de certains pas ;
Si quelqu’une, plus fière, a doublé ses appas,
Il en est du vallon qui n’ont que là leur grâce.

N’en ayez trop dédain, quand vous les respirez.
Tout mon ètre est ainsi : pas d’haleine trop haute ;
Promenade aux coteaux, poésie à mi-côte,

C’est le plus, et de là j’ouïs les bruits sacrés.
Pourtant, pourtant j’ai vu, trainé par vous, cher hôte,
Sur Aï les cieux bleus que vous m’avez montrés[1] !


  1. Les Tours d’Aï, hautes cimes des Alpes Vaudoises.