YOKOHAMA


Trente heures de mer, environ, séparent Hiogo de Yokohama où nous arrivâmes après un voyage sans incidents.

Yokohama est une concession européenne.

Une longue rue où vivent les japonais relie la concession aux ambassades et aux consulats étrangers ; mais cette rue, elle-même, a perdu tout cachet, toute originalité. Les magasins, au lieu de leurs longues planchettes coloriées et couvertes de caractères chinois, portent pour enseignes des bandes de calicot avec ces mots « Curious shop » « Curiosités » « English spoken », etc. Cette première vue nous est antipathique, mais il faut cependant faire une visite à Tjodjiro le plus grand marchand du Japon. Très poli, nous offrant des chaises, il nous déballe quelques objets, entre autres un meuble en laque de 20,000 francs, le pendant de notre chaise de Kioto pour 5,000 francs, tous les objets dans ces proportions ; aussi polis que lui, nous nous excusons et nous nous sauvons à toutes jambes, effrayés par ce début.

Près de chez lui, chez Mousashia, connu de tous les étrangers, de la marine française surtout, sous le nom de « Tahan du Japon, » nous trouvons des objets modernes ; des boîtes à gants, des caves à liqueurs avec chiffres et armoiries, des porte-cigares, etc. Le marchand était étonné du peu de cas que nous faisions de ces articles très soigneusement travaillés et fort goûtés de sa clientèle, et lorsque nous lui demandâmes des objets anciens il ne pût nous montrer que sept appliques représentant chacune un des sept dieux de l’Olympe japonais. Le métal était du chacudo, les incrustations d’or, d’argent, de cuivre rouge formaient le plus joli effet sur le fond bleuâtre malgré le prix élevé de ces appliques, comparativement à ce que nous avions acheté précédemment, nous les emportâmes comme souvenir de notre passage à Yokohama que nous quittions le lendemain matin pour Yédo.