Notes Eneide/Livre V

Traduction par divers traducteurs sous la direction de Charles Nisard.
Lucrèce, Virgile, Valérius Flaccus - Œuvres complètesFirmin Didot (p. 476-477).
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Nota. Le livre IV n’a donné lieu à aucune note.


LIVRE V.

v. 23… Nec litora longe Fida reor fraterna Erycis, portusque Sicanos, etc. Éryx, selon la fable, était fils de Vénus et de Butès : il régnait sur un canton de la Sicile, appelé de son nom Érycie. Se croyant invincible aux exercices du pugilat et du ceste, il osa défier Hercule, et fut tué dans le combat. Virgile appelle les bords de cette contrée litora fraterna, parce qu’Enée était aussi fils de Vénus, et par conséquent frère d’Éryx. Non loin même fut bâti un temple à Vénus qu’on surnomma Érycine.

Tum vicina astris Erycino in vertice sedes
Fundatur Veneri Idaliæ,

comme le dit Virgile à la fin de ce même livre.

v. 32… Hæc urbi dicta, petunt portus, etc. Le port où relâche Énée est celui de Drépane, maintenant Tropano, au pied du mont Saint-Julien, autrefois le mont Éryx, dans le val de Mazara.

v. 120… Terno consurgunt ordine remi. Virgile donne ici les arts de son temps au siècle d’Énée. À l’époque du siège de Troie on ne connaissait point les navires à plusieurs rangs. C’est par le même privilège qu’il a placé des tableaux dans le palais de Didon, quoiqu’on n’eût pas encore découvert l’art de la peinture.

v. 864. Jamque adeo scopulos Sirenum advecta subibat Difficiles, etc. On célèbre des jeux, et le rocher dont il est parlé dans la joute navale se reconnaît facilement sur nos grandes cartes de Sicile, et est évidemment le scoglio del Malconsiglio, qu’on observe dans la rade de Tropani. Cet écueil est en pleine mer, à cinq cents toises environ de la pointe formée par le promontoire de Trapé, et à quinze cents toises du fond de la baie, ce qui répond à la désignation de Virgile :

Est procul in pelago saxum spumantia contra
Litora, etc.,

à une grande lieue au nord du port Palinure, à un mille au midi de la ville de Pisciotto, et à plus de trois lieues de Castello-a-marre-della-Brucca, où l’on met Velia. La carte de Zannoni, déjà citée, place sur la côte, parmi des rochers, et près d’une église nommée il Soccorso, un monument appelé encore aujourd’hui le tombeau de Palinure, sepolcro di Palinuro.

Avant d’arriver au Tibre, Virgile signale encore l’Île de Circé,

Proxima Circææ raduntur litora terræ.

C’est aujourd’hui le mont Circelle, promontoire élevé qui est à l’extrémité des marais Pontins. Du temps de Virgile, ce promontoire tenait à la terre comme aujourd’hui ; mais les marais et les lagunes dont il était et dont il est encore environné faisaient penser qu’il avait été une île, que la tradition prétendait être l’île d’Aléa, célèbre dans Homère, pour avoir été la demeure de l’enchanteresse Circé[1]. À la fin, Énée entre dans le Tibre avec sa flotte. « Ils arrivaient, dit Denys d’Halicarnasse, à Laurente, en Italie : l’endroit où ils campèrent a porté depuis ce temps-là le nom de Troie, et est éloigné de la mer de quatre stades. » Ce lieu devait donc être près d’Ostie.

  1. Homère, Odyssée, liv. X, V. 133 ; Strabo, lib. V, pag. 232 ; Theophrast. Histor. plant., lib. I, c. IX ; Servius, ad Virgil., lib. III.