Notes Eglogues/Églogue VI

Traduction par divers traducteurs sous la direction de Charles Nisard.
Lucrèce, Virgile, Valérius Flaccus - Œuvres complètesFirmin Didot (p. 467).
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Églogue VI.

Virgile venait de payer à Octave le tribut de sa reconnaissance par l’églogue de Tityre. Il lui restait une autre dette à acquitter. Varus avait protégé sa propriété pendant son absence, et le poëte, dans sa quatrième églogue, s’était engagé, au nom des cygnes de Mantoue, à porter son nom jusqu’aux cieux. Il remplit ici sa promesse par quelques vers qui ont immortalisé Varus.

v. 31. Namque canebat, uti magnum per inane coacta Semina terrarumque, animæque, marisque fuissent. Dans ce beau tableau de la formation du monde, Virgile a, dit-on, suivi le système d’Épicure, que nous connaissons fort peu. Dryden y trouvait plus de ressemblance avec le premier chapitre de la Genèse. C’est en effet la même marche, d’abord la séparation des éléments, puis la terre dégagée des eaux, et les mers enfermées dans leurs limites : la création des deux grands luminaires, la végétation de l’herbe et des plantes ; les vapeurs de la terre retombant sur elle en rosée, et enfin les animaux paraissant sur la terre avant l’homme. Ces rapports ne doivent pas faire supposer que Virgile connût la Genèse, quoique la chose ne soit pas rigoureusement impossible, puisque la traduction grecque des Septante existait déjà depuis plus de deux cents ans : mais cette marche de la formation des choses est si rationnelle, que son génie a pu la concevoir sans recourir à Épicure.

v. 64. Tum canit, errantem Permessi ad flumina Gallum. Gallus, un des officiers d’Octave, avait été chargé, dit Servius, de lever des contributions sur les propriétaires qui avaient conservé leurs terres. À cette occasion, il connut Virgile, et, poëte lui-même, il le traita en confrère et en ami. Une étroite liaison s’établit entre eux.

Virgile, dans cette églogue, s’est plu à payer la dette de la reconnaissance à Gallus ainsi qu’à Varus, un de ses autres protecteurs.

v. 72. His tibi Grynæi nemoris dicatur origo. Ce vers nous apprend que Gallus avait composé un poëme sur l’origine de la forêt de Grynée, ouvrage différent de celui dont il est fait mention dans la dixième églogue (vers 50), traduit du grec d’Euphorion. Grynée était une ville de l’Étolide. Une tradition du pays disait qu’Apollon avait tué un serpent monstrueux dans une forêt voisine. Elle fut dès lors consacrée à ce dieu, qui y avait un temple.