Notes Argonautiques/Livre VIII

Traduction par divers traducteurs sous la direction de Charles Nisard.
Lucrèce, Virgile, Valérius Flaccus - Œuvres complètesFirmin Didot (p. 609-610).

LIVRE VIII.

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v. 6. Ultima virgineis. Les bandelettes des vierges différaient de celles des femmes mariées. Toutes deux cependant n’appartenaient qu’aux femmes libres. Valérius désigne la bandelette virginale dans le vers indiqué ; Properce décrit la bandelette conjugale dans ceux-ci :

Mox ubi jam facibus cessit prætexta maritis,
Vinxit et aspersas altera vitta comas.

Liv. v, Élég. xi, v. 34.


car on voit qu’il désigne là une autre bandelette que la bandelette conjugale.

v. 8. Ante perantiqui. Tous les manuscrits portent per antiqui en deux mots. Nous l’avons, à l’exemple de M. Ad. Dureau de Lamalle, à qui cette heureuse correction est due, rétabli en un seul. La préposition per qui venait immédiatement après ante, rendait celle-ci inintelligible.

v. 28. Latmius. Le chasseur du Latmus, Endymion. Le Latmus était une montagne de la Carie, qui dominait sur le petit golfe où était placée la ville de Milet.

v. 91. Veniens Alpheos. L’Alphée prenait sa source en Élide ; il passait par-dessous les eaux de la mer et par des cavités souterraines, pour venir en Sicile confondre ses eaux avec celles de la fontaine d’Aréthuse. Voyez cette jolie fable dans Ovide, Métam. v, v. 494-497 et 573 et suiv.

v. 96. Sacra ferens epulas. On a vu que ce dragon avait une origine céleste. Le mot epulas était consacré pour les banquets des dieux. À Rome les prêtres qui présidaient aux repas des sacrifices s’appelaient epulones.

v. 116. Thaumantias. Iris, fille de Thaumas, lequel était fils de la Terre et de la Mer, suivant Hésiode et Hyginus.

v. 177. Erginus. Le pilote qui avait succédé à Tiphys. Voy. v, v. 65.

v. 178. Vos, ait, Æsonide. En parlant à un chef, à un général, à un empereur, les Romains employaient souvent le pluriel, comme le supposant toujours entouré. Ainsi Plaute dans le Pœnulus, act. iii, sc. ii, v. 27 : Agite, intro abite Agorastocles ; et Tibulle, liv. i, Élég. iii, , v. 1 : lbitis Ægeas sine me, Messala, per undas.

v. 183. Mutandum, o socii. Les écrivains grecs ne sont point d’accord sur la route que suivirent les Argonautes à leur retour. L’opinion qu’a suivie Apollonius de Rhodes, et après lui Valérius, est celle de Timagète. Celui-ci, dans son ouvrage sur les ports, assurait que l’Ister, sorti des monts de la Germanie, se rendait dans un grand lac, et que là il se partageait en deux branches, dont l’une se rendait dans le Pont Euxin et l’autre dans la mer de Germanie ; et que c’était en suivant cette dernière branche que les Argonautes s’étaient rendus en Étrurie.

v. 194. Corymbis. Voyez iv, v. 691.

v. 195. Ignarus fixas. Voyez iv, v. 710.

v. 201. Plaustris migrantibus. Voyez vi, v. 154.

v. 211. Murmura ponunt. Idas avait déjà donné l’exemple des murmures. Voyez vii, v. 574.

v. 214. Carambin. Promontoire de la Paphlagonie. Voyez iv, v. 599. — Regna Lyci. Les États de Lycus roi des Mariandyniens, Voy. vi, v. 737,748 ; v, v. 8.

v. 217. Insula… Peuce. L’ile de Peucé est proprement le delta formé par les différents bras du Danube. Selon Ptolémée, les grandes nations de la Sarmatie sont les Bastarnes et les Peucins, qui occupent le dessus de la Dacie. Il est même parlé de ces deux peuples comme d’un seul. D’Anville a placé sur sa carte les Peucins à l’embouchure du Danube. On voit pourtant que Valérius (v. 219) y a mis les Alains.

v. 236. Arsuras alia. Ceci a trait à Créuse, fille de Créon, roi de Corinthe, que Jason épousa, après avoir répudié Médée. Pour se venger de cet affront, Médée, suivant Euripide, envoya à Créuse des ornements qui s’enflammèrent aussitôt que Créuse s’eu fut parée, et qui la firent périr, elle, son père et tout le palais. Valérius fait donner à Créuse la couronne de Médée, duplicem coronam, ainsi appelée, suivant Heyne, ad Virgil. Æn., i, v. 655, parce qu’elle était d’or et incrustée de perles.

v. 239. Sic ubi Mygdonios. Médée est ici comparée aux prêtres de Cybèle et aux autres adorateurs de cette déesse, qui, après s’être tailladé les bras à coups de couteau, pendant les premiers jours de fêtes, lavaient leurs plaies dans l’Almon pendant les derniers jours, et se livraient ensuite à la joie. Valérius rappelle encore deux fois ces fêtes ; iii, v. 232 et suiv. ; vii, v. 635.

v. 245. Ignem Pollux. Ce sont les cérémonies romaines que Valérius a décrites ; car l’usage des Grecs, ainsi que des Macédoniens, était que les deux époux goûtassent ensemble d’un pain qu’on avait séparé avec le tranchant d’une épée. La cérémonie de l’eau et du feu, chez les Romains, suivait immédiatement les fiançailles ; cette eau et ce feu étaient placés sur le seuil de la maison que les époux devaient habiter. Il fallait que l’un et l’autre y portassent la main. On ajoutait pour la femme la cérémonie de l’aspersion. Dans les cérémonies lugubres et funéraires, l’usage était de tourner à gauche ; à droite, dans les cérémonies riantes et gaies. Enfin, lorsqu’au jour du mariage la flamme des sacrifices ne s’élevait pas pure et brillante, c’était un funeste présage.

v. 399. Atque alius lueret. Allusion à Pâris, qui, en enlevant Hélène, allumera plus tard la guerre entre l’Europe et l’Asie.

v. 447. Ogygias… arces. Thèbes, ainsi nommée d’Ogygès, un de ses plus anciens rois. — Le mont d’Aonie était dans la Béotie.

v. 451. Terrigenas. Les guerriers nés des dents de Cadmus, semées par Jason.

v. 453. Et Tempe viridi. Ce vers paraît n’avoir été entendu par aucun des commentateurs. La traduction dispense de toute explication.

v. 461. Chaonio… trunco. Le navire Argo. Sa carène avait été formée d’une poutre de la forêt de Dodone, et la forêt de Dodone se trouvait dans la Chaonie, portion de l’ancienne Épire.