Notes Argonautiques/Livre III

Traduction par divers traducteurs sous la direction de Charles Nisard.
Lucrèce, Virgile, Valérius Flaccus - Œuvres complètesFirmin Didot (p. 600-601).

LIVRE III. modifier

v. 6. Bithyno Phrygioque. Les vins de ces deux pays étaient réputés mauvais, tandis que ceux de Lesbos avaient une haute renommée dans l’antiquité. César en fit servir au repas qu’il donna en l’honneur de son troisième consulat. Pline, xiv, c. 17.

v. 11. Clite. Fille de Mérops de Percote, suivant Apollonius et son scholiaste, i, v. 975.

v. 20. Dindyma. Le Dindyme, montagne de Phrygie, particulièrement consacrée au culte de Cybèle. Les Galles, les Curètes, les Corybantes en étaient les ministres. Ovide, dans ses Fastes, iv, v. 223, raconte l’origine de celle barbare coutume qui excitait les prêtres de Cybèle à se taillader le corps et les bras pour honorer la déesse. Le pin, les lions, la couronne de tours, la cymbale dans la main, la mitre, l’urceus, sont les attributs de Cybèle.

v. 34. Procnesson. Proconnèse, île de la Propontide, au nord-ouest de l’île de Cyzique. On en tirait le beau marbre appelé dans l’antiquité marbre de Cyzique. — Le Rhyndacus prend sa source dans le marais Artynias, près de Milétopolis ; il forme la limite de la Mysie et de la Bithynie. — Scyllacé, petite ville bâtie par les Pélasges sur les bords du golfe Cianus, entre Cyzique et le mont Olympe : aujourd’hui Siki.

v. 47. Mygdoniæ Pan. Les anciens varient tellement sur la naissance de Pan, qu’il est impossible d’adopter à cet égard une opinion définitive. Les Mygdoniens, suivant Strabon, vii, étaient des peuples du nord de l’Europe qui avaient abandonné leur pays natal pour venir s’établir en Asie, où ils apprirent le culte de Cybèle. — Les attributs, la forme que le poëte donne à Pan, le rôle qu’il lui fait jouer, conformes en tout aux préjugés des anciens, et bien propres à exciter l’effroi, ont valu à ce dieu l’honneur de qualifier du nom de terreur panique le ressentiment d’une crainte soudaine et instantanée.

v. 66. Pholoen. Montagne de Thessalie.

v. 68. Learchum. Athamas, que Tisiphone avait rendu furieux, tua son fils Léarque, croyant tuer un jeune lion, et revint à Thèbes, chantant des hymnes en l’honneur de Diane, et s’applaudissant de sa chasse, en portant son fils sur ses épaules.

v. 130. Typhon. Typhon est fils de la Terre et du Tartare, suivant Apollodore. Hésiode, Théog., v. 306, le peint comme un vent impétueux et terrible.

v. 204. Lelegum. Les Lélèges, dont le nom vient de λέγω, j’assemble, étaient, comme les Étoliens, un composé de peuples divers. Ils habitaient anciennement entre le cap Lectos et l’Ida ; de là ils passèrent en Carie, d’où, suivant Hérodote, i, c. 161, ils prirent le nom de Cariens.

v. 224. Cœus in imo. Céus est fils d’Uranus et de la Terre, et père de Latone. Il fut jeté dans le Tartare pour avoir voulu détrôner Jupiter. — Tityus fut tué par Apollon, pour avoir voulu violer Latone ; il était fils de Jupiter et d’Élaré. Heyne, d’après Homère, Odys., xi, v. 575, ajoute qu’il fut encore puni après sa mort, et que, plongé dans les enfers, il y a le cœur sans cesse rongé par des vautours.

v. 264. Ceu pavet. Panthée, fils d'Échion et d’Agavé, roi de Thèbes, refusa de reconnaître la divinité de Bacchus et de recevoir ses mystères. Le dieu, pour se venger, égara l’esprit d’Agavé. Un jour que Panthée, caché sur un arbre, regardait célébrer les mystères interdits aux profanes, sa mère, excitant les autres bacchantes, et le prenant pour un lion, pour un taureau ou pour un sanglier, le déchira de ses propres mains.

v. 299. Nec Clarii. Apollon Clarien était adoré à Colophon, ville d’Ionie. Quand on consultait l’oracle, le prêtre descendait dans un antre, y buvait de l’eau d’une fontaine sacrée, et rendait ses réponses en vers. Claros était une ville près de Colophon.

v. 335. Venatrix. C’était un usage des temps héroïques, d’immoler sur la tombe d’un roi ou d’un chef illustre les chevaux et les chiens qui lui avaient été le plus chers pendant sa vie. Achille, Iliad., xxiii, v. 171, jette dans le bûcher de Patrocle quatre coursiers et égorge deux chiens. Les Germains, au rapport de Tacite, Mor. Germ., c. 27, brûlaient les armes et le cheval avec le corps du défunt.

v. 360. Ad patrias. Ce retour des oiseaux de passage vers le Nord a été chanté aussi par Homère, Iliad., iii, v. 3 ; Virgile, Æneid., vi, v. 310, et x, v. 204 ; Stace, Theb., v, v. 11 ; Claudien, Bel. Gildon. v. 474, etc., etc.

v. 399. Cimmerium domus. Ptolémée, v, c. 9, Asiæ Tabulæ ii, place un peuple Cimmérien dans la Sarmatie asiatique, un promontoire Cimmérien près de l’embouchure du Tanaïs, une ville des Cimmériens dans la Chersonnèse Taurique. Mais il n’est pas ici question de ces Cimmériens de la Scythie. Ceux de Valérius sont, ainsi que ceux d’Homère (Odyss., xi, v. 12), des peuples fabuleux auxquels on assignait une demeure vague et indéterminée dans l’Océan, et qui n’ont jamais existé que dans l’imagination des poëtes.

v. 406. Celeneus. Quelques mythologistes parlent d’un Célène, juge aux enfers avant Éacus, Minos et Rhadamanthe. Mais celui-ci n’est probablement qu’un personnage d’invention.

v. 413. Bina deis. Le nombre pair était consacré aux dieux infernaux. — C’était un des rites religieux le plus rigoureusement observé que celui de fuir le commerce, le contact avec les profanes, lorsqu’on allait se purifier pour des cérémonies sacrées.

v. 420. Æsepia. L’Ésèpe, petite rivière qui sort du mont Ida, ainsi que le Simoïs et le Scamandre, mais par un côté différent. Elle sépare la Dolionie et la Phrygie de la Troade.

v. 497. Albana. Ce sont probablement les mêmes que notre poëte appelle les portes Caspiennes, vi, v. 106, et où est située aujourd’hui la ville de Derbent, mot qui, en persan, signifie toujours une gorge, une barrière fermée.

v. 514. Regum soror. Neptune et Pluton, frères de Jupiter et par conséquent de Junon, tous quatre enfants de Saturne.

v. 524. Manicæ virides. Ce sont proprement des gants verts. Ils servaient encore à d’autres usages. Outre qu’ils garantissaient du froid, ils défendaient contre les épines. Laërte, dans l’Odyssée, xxiv, v. 227, porte à ses pieds des brodequins de peau de bœuf et des gants à ses mains, pour les garantir des ronces.

v. 539. Eoi fercula. Fercula, des brancards sur lesquels on portait les statues des dieux, les images des villes conquises, et les dépouilles des ennemis vaincus.

v. 540. Ac rursus. Ce rursus semble vouloir dire que, les mystères de Bacchus ayant été interrompus pendant son expédition dans les Indes, il les restaura dans cette occasion. Ammien, parlant de ce même retour de Bacchus, xxii, c. 8, dit : orgia pristina reparavit.

v. 543. Bœbeia. Le lac Bébès ou Bébéis était dans l’ouest de la Magnésie, et voisin de Phérès. Il y avait une ville de ce nom située sur ce lac. — Le Lycormas prend sa source en Étolie, sur le Pinde, dans le pays des Bomiens. Ce fleuve prit ensuite le nom d’Événus, parce qu’Événus s’y précipita. Le nom moderne est Phidari.

v. 646. Calydone satus. Méléagre, fils d’Oïnée, roi de Calydon, et d’Althée.

v. 705. Nunc Parthaonides. Parthaon, fils d’Agénor et d’Épicaste, père d’Oïnée, roi de Calydon, et par conséquent aïeul de Méléagre. À Rome, quand on voulait se moquer d’un homme fier de l’ancienneté de sa race, mais dont la famille était tombée dans l’oubli, on l’appelait fils de Parthaon. Plaute, Menech., act. v, sc. 1, v. 44. — Thracia proles. Calaïs et Zétès, fils de Borée, roi de Thrace.

v. 707. Didymaonis, hastam. Dans la description de cette lance, Valérius a imité ce passage d’Homère, lliad. i, v. 233, où Achille, irrité contre Agamemnon, jure par son sceptre. Virgile, Enéid., xii, v. 206, a également emprunté ce beau mouvement au poëte grec, mais on ne saurait se dissimuler qu’il n’a pas la même vivacité.

v. 727. Phorcys. Phorcys ou Phorcus, était, suivant Hésiode, fils de la Terre, et de Pontus (la mer) ; d’autres lui donnent pour père Neptune, et pour mère la nymphe Thoosa. On lui assignait les mêmes fonctions qu’à Protée, celles de pasteur du dieu des mers.

v. 728. Massylus. Les Massyliens, peuple d’Afrique, voisin de la Mauritanie et de la province qu’on désignait par le nom d’Africa. Massinissa, dit Strabon, leur fit habiter des villes et cultiver la terre ; mais depuis, s’étant livrés à la vie sauvage, ils prirent le nom de Numides ou Nomades.

v. 729. Lyctius. Les Lyctiens, peuple de la Crète, dont la principale ville était Lyctos. Elle porte aujourd’hui le nom de Lassin.