Notes - La veille de la Saint-Jean

Traduction par Auguste-Jean-Baptiste Defauconpret.
Furne, Libraire-éditeur (Tome I. — Ballades, etcp. 16-17).

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— Dis à ton époux, répondit-il, que celui qui répand le sang perdra la vie par le glaive. Mais l’amour adultère est un crime dans un autre monde : reçois-en ce gage irrécusable.

Il appuya sa main gauche sur une table de chêne, et la droite sur celle de la châtelaine, qui frémit et s’évanouit en sentant l’impression brûlante de son étreinte.

La trace noircie des quatre doigts resta imprimée sur la table, et la châtelaine porta toujours sa main couverte.

Il est dans l’abbaye de Dryburgh une religieuse qui ne tourne jamais les yeux vers le soleil ; il est un moine dans le monastère de Melrose qui ne profère jamais une parole.

Cette religieuse, qui ne voit jamais la clarté du jour, c’est la châtelaine de Smaylho’me ; ce moine, qui garde un si morne silence, est le fier baron son époux.


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NOTES.


note 1re

LA bataille d’Ancram-Moor est un des événemens les plus importans de l’histoire d’Ecosse.

Le lieu qui en fut le théâtre est appelé aussi Lyliard’s Edge, du nom d’une amazone écossaise qui s’y était distinguée. On vous montre encore son monument aujourd’hui en ruines. Ou y lisait cette inscription :

« La belle Lyliard est ensevelie sous cette pierre ; sa taille était petite, mais sa

« gloire fut grande, et les Anglais sentirent la force de son bras. Quand ses jambes

« furent coupées, elle combattit sur ses cuisses. »

note 2 Il est une religieuse, etc.

La circonstance de cette religieuse qui ne vit jamais le jour n’est pas tout-à-fait imaginaire. Il y a cinquante ans qu’une infortunée descendit dans un sombre caveau sous les ruines de l’abbaye de Dryburgh, qu’elle ne quittait jamais pendant le jour. Dès que la nuit était venue, elle sortait de sa misérable retraite, et se rendait à la demeure de M. Haliburton de Newmains, ou à celle de M. Erskine de Sheffield, deux propriétaires du voisinage. Elle obtenait de leur charité toutes les provisions qu’elle désirait ; mais aussitôt qu’elle entendait sonner minuit, elle allumait sa lanterne et retournait à son caveau, assurant ses voisins bienfaisans que, pendant son absence, sa retraite était arrangée par un esprit qu’elle appelait Fatlips[1] ; elle le représentait comme un petit homme portant des souliers de fer, avec lesquels il dissipait l’humidité des voûtes en foulant le pavé. Les gens sages regardaient avec pitié une femme qui leur semblait être privée de la raison ; mais le vulgaire ne pensait à elle qu’avec un sentiment de terreur. Elle ne voulut jamais expliquer la cause d’un genre de vie aussi extraordinaire ; on imagina qu’elle l’avait adopté après s’être engagée, par un vœu, à ne voir jamais le soleil tant que durerait l’absence de son amant. Son amant était mort dans la guerre civile de 1745 à 1746, et cette femme renonça pour jamais à la clarté du jour.

Le caveau porte encore le nom du prétendu esprit qui tenait compagnie à cette solitaire. Et il est plus d’un paysan du voisinage qui n’oserait y pénétrer.


  1. Fatlips, grosses lèvres.