Nécrologie de M. Jules Gal

Anonyme
Nécrologie de M. Jules Gal
L’Enseignement public, Revue pédagogique, second semestre 192791 (p. 241-242).

Nécrologie
Jules GAL

Notre excellent collaborateur Jules Gal est décédé le 29 juillet dernier à soixante-dix ans.

Professeur au lycée de Nîmes, depuis sa sortie de l’École normale supérieure, il n’avait d’autre ambition que de terminer à Nîmes sa carrière universitaire, lorsqu’en 1908 il fut inopinément appelé à l’inspection générale. Le ministre d’alors, M. Gaston Doumergue, avait jugé que son ancien maître serait, pour lui, le meilleur des conseillers. Les éminents services rendus par Jules Gal dans les conseils de l’Instruction publique, l’exceptionnelle réputation d’équité, de bienveillance, et de douceur qui est restée attachée à son nom dans l’esprit du personnel, ont montré que le ministre avait bien choisi.

Lorsque Paul Lapie entreprit la grande réforme de l’enseignement primaire, Jules Gal eut une part prépondérante dans l’élaboration des programmes de mathématiques des Écoles primaires supérieures et des Écoles normales. C’est grâce à lui, surtout, que l’algèbre a pris, aux examens de brevet élémentaire, la place qui lui était depuis si longtemps refusée.

La Revue pédagogique fut la tribune d’où il exposa au personnel enseignant les idées directrices, l’intérêt et le but des nouveaux programmes de mathématiques. Nos lecteurs ont apprécié le ton alerte et enjoué, le style limpide, et la fine bonhomie de ses articles. Sa pédagogie, faite de bon sens et de clarté, a eu, sur l’évolution des méthodes et sur le progrès des études scientifiques dans l’enseignement primaire, la plus heureuse influence.

Beaucoup des « Notes pédagogiques » publiées par la Revue portent la marque de sa pénétration, de son esprit critique, toujours en éveil contre le dogmatisme ; il corrigeait avec bonté, en évitant de blesser. Dans d’admirables rapports d’inspection, qui sont des modèles du genre, il met à nu la faiblesse des vieilles méthodes, tout en trouvant des excuses aux maîtres qui les emploient. L’aménité était le fond de son caractère. Il s’efforçait de convaincre. Mais, si ardente que fût sa foi, il était trop respectueux de l’opinion des autres pour imposer par contrainte son jugement.

Récemment encore, alors qu’il était déjà atteint du mal qui devait l’emporter, il a écrit pour l’Enseignement public deux articles[1], dans lesquels il développe une fois de plus l’idée qui lui était chère : Il faut considérer un problème d’arithmétique ou d’algèbre comme un exercice de bon sens, et non comme l’application d’une recette imposée à la mémoire.

À ce collaborateur fidèle, à ce bon ouvrier de l’amélioration de notre enseignement scientifique, nous adressons un douloureux adieu.


  1. Problèmes d’arithmétique.