Mon mari est bien malade

La Chanson française du XVe au XXe siècle, Texte établi par Jean GillequinLa Renaissance du livre (p. 265).


MON MARI EST BIEN MALADE


Mon mari est bien malade,
En grand danger de mourir ;
Je vais chercher le médecin
Pour venir autour de lui.
Je t’aimerai mieux, mon mari,
Je t’aimerai mieux mort qu’en vie.

Je n’étais pas à moitié chemin
Que les cloches sonnaient pour lui.
Je m’asseois sur une pierre,
Au lieu de pleurer, je ris.

Je retourne à la maison
Je le trouve enseveli,
Je me suis mis’ à pleurer
Mais ce n’était pas pour li.

C’était pour mes deux aunes de toile
Qui étaient autour de li.
Avecque mon ciseau d’argent
Point à point je l’décousis.

Je le tirai par l’oreille,
Sur la rue je le traînis ;
Quand il fut au cimetière
Au lieu de pleurer, je ris.

Je m’en vais au cabaret,
Un bon quart d’eau-de-vie j’ai pris,
Un bon quart d’eau-de-vie j’ai pris
Pour dire adieu à mon mari,
Je t’aimerai mieux, mon mari,
Je t’aimerai mieux mort qu’en vie,

(Environs de Lorient.)