Mon encrier, Tome 1/Avertissement

Madame Jules Fournier (1p. V-VII).
Préface  ►

AVERTISSEMENT DE L’ÉDITEUR

L’éditeur est seul responsable de la composition de ce recueil. Se méfiant à bon droit de ses lumières et de son jugement en l’espèce, il a pris conseil, délibéré. C’est lui, cependant, qui a fait le choix définitif des œuvres qui lui semblaient les plus propres à perpétuer la mémoire de Jules Fournier. D’une façon générale, il croit pouvoir dire que parmi les œuvres déjà parues il a admis seulement celles qui, indépendamment du fond, présentaient des qualités de style supérieures, ou celles qui, sous une forme littéraire, présentaient de sérieuses qualités de fond. C’est à dessein qu’il a laissé de côté, par exemple, une étude pourtant assez approfondie sur la situation des Franco-Américains, parue au Canada en 1905 alors que Jules Fournier avait 21 ans, ainsi que des études sur l’immigration publiées au Nationaliste en 1906-07, sous le pseudonyme de Pierre Beaudry, et qui furent pourtant remarquées à cette époque. Sans être dépourvus de tout mérite littéraire, ces écrits, ou bien se ressentent trop de la hâte avec laquelle ils furent composés, ou bien n’offriraient plus assez d’intérêt, pour le lecteur d’aujourd’hui : on ne les mentionne ici que pour mémoire.

L’objet du recueil étant surtout de donner une idée exacte des divers aspects du talent de l’auteur, on n’a cru devoir reproduire qu’en partie des œuvres relativement considérables, telles que les Souvenirs de prison, parus en octobre 1910, et une série de Lettres de voyage parues dans la Patrie au printemps de la même année.

La publication des deux études inachevées sur la Langue française au Canada, de M. Louvigny de Montigny, et sur la Faillite (?) du Nationalisme, a semblé à l’éditeur se motiver suffisamment par l’importance et l’actualité des sujets, et aussi par l’intérêt particulier qui s’attache à des travaux inédits de Jules Fournier.

Jules Fournier aurait cru indigne d’un journaliste militant de s’en tenir aux généralités ; à tort ou à raison, il croyait que la seule manière de faire pénétrer un enseignement dans les esprits est de l’extraire de faits concrets et actuels. Ce procédé l’obligea à mettre en cause beaucoup de personnes, quelquefois de manière fort désobligeante. Sachant quel fut son désintéressement et quels dons précieux et rares il apporta dans la pratique du journalisme, ceux à qui il s’en prit lui ont depuis longtemps pardonné : l’éditeur n’a pas cru devoir se montrer pour lui un censeur plus sévère qu’ils ne le seraient eux-mêmes aujourd’hui.

Dans un recueil de cette nature, il convient de distinguer entre les notes de l’auteur et celles de l’éditeur. On a marqué cette distinction en employant pour les premières des caractères plus petits que pour les autres.

Le titre : Mon encrier, emprunté à l’une des pages du volume, a été suggéré par M. Olivar Asselin, qui a bien voulu assumer aussi la tâche ingrate de surveiller la composition typographique et de corriger les épreuves.

Sauf la réunion des écrits surtout politiques en un volume (le premier) et des écrits proprement littéraires en un autre volume, on a présenté les œuvres dans leur ordre chronologique, pour permettre au lecteur de mieux suivre la marche de l’esprit brillant et éclectique que fut assurément Jules Fournier.