Modorf-les-bains/23

Imprimerie Joseph Beffort (p. 105-107).

Maladies de la Peau.

Anciennement, on admettait que les affections cutanées devaient fournir les meilleurs sujets pour le traitement balnéaire, puisque l’organe malade, se trouvant ici en un contact direct et permanent avec l’eau minérale, avait toute facilité pour se laisser modifier par les substances médicatrices y contenues. De nos jours, les expériences de Hebra sont venu démontrer la mauvaise influence que l’eau et surtout l’eau salée, exerce sur un grand nombre d’affections chroniques de la peau, notamment sur l’eczéma. Le savant professeur Viennois a d’abord établi une classification physiologique naturelle, de ces maladies, et nous a délivré de cette cohue de noms impossibles et baroques qui faisaient le désespoir du praticien, sans rien lui apprendre. Ensuite, il a placé la thérapie sous la critique de l’expérience et de l’expérimentation, pour en dégager le fond utile. J’ai trop souvent assisté aux démonstrations du grand maître, et j’ai assez pu observer dans ma propre pratique, pour qu’il me soit possible de ne pas jurare in verba magistri. Nous revendiquons pour le traitement de Mondorf trois indications :

I. — Les affections de la peau avec épaississement de l’épiderme, psoriasis, éléphantiasis, pityriasis. On sait du reste que ces altérations se trouvent sous l’influence manifeste des nerfs trophiques de la peau et que le traitement interne, arsénical, est de rigueur. Il en est de même du prurigo, une des affections les plus désagréables à cause des démangeaisons qu’elle produit. Dans ce cas, les bains tièdes et prolongés d’eau minérale sont d’une utilité manifeste. Quant à l’eczéma chronique, nous préférons employer selon l’état de la peau, les astringents et les balsamiques ; cependant nous avons constaté un excellent effet par l’usage interne de l’eau, quand l’eczéma était né sous l’influence d’une dyscrasie, ou bien quand l’affection très-étendue avait déterminé un état marastique ainsi que cela se voit assez souvent.
II. — Les affections ulcéreuses et pustuleuses de la peau se trouvent encore bien des eaux

chloruréessodiques, surtout quand elles se trouvent manifestement liées à la diathèse strumeuse et luëtique.
III. — La faiblesse cutanée. On n’entend pas qualifier par cette expression une disposition aux éruptions de la peau, mais bien cet état d’anémie de l’enveloppe cutanée, qui oppose une trop faible résistance à l’action du froid, et favorise notamment les catarrhes de l’organe respiratoire, les congestions vers le cerveau, les intestins, etc, et enfin les douleurs rhumatismales. Nous avons en effet vu, dans la partie générale, que la richesse de la peau en sang peut mettre celle-ci en état de jouer le rôle de l’enveloppe protectrice qui peut empêcher le froid de pénétrer dans l’intérieur du corps. Toutes les pratiques balnéaires, mais surtout celles de l’hydrothérapie, conviennent à cette indication. Les transpirations profuses sont, elles aussi, l’expression d’unétat de faiblesse cutanée, et se trouvent bien des bains thermaux, de même que les transpirations des pieds.