Modorf-les-bains/22

Imprimerie Joseph Beffort (p. 104-105).

Paralysies réflexes.

Ces paralysies se trouvent intimement liées aux maladies sexuelles, en tant que généralement on remarque dans ces cas l’absence des symptômes qui accompagnent ordinairement les maladies graves du système nerveux, et que l’on observe, d’un autre côté, que la guérison d’un dérangement dans la sphère des organes sexuels est suivie d’un effet très favorable sur la paralysie. Celle-ci frappe presque toujours les membres inférieurs, et n’intéresse point les sphincters de la vessie ni de l’intestin. Jamais du reste elle n’est complète. Chaque muscle conserve une certaine force, insuffisante cependant à permettre la marche ou la station verticale sans appui. Ces affections sont toujours traînantes, chroniques. Nous avons eu l’occasion de soigner à Mondorf un certain nombre de ces cas, qui, presque tous, ont été engendrés par la rétroversion utérine, et ont donné lieu à une guérison regardée comme «miraculeuse» par le public qui en était témoin. Comme le sujet est loin d’être éclairci, surtout quant à la mode de production de ces paralysies, nous nous proposons de publier in extenso notre matériel statistique qui est fort intéressant. Voici en attendant le récit succinct d’un de ces cas : Mme G...... 29 ans, fortement constituée, mère de deux enfants sains et robustes, arrive en 1882 à ma consultation, dans un fauteuil roulant, ses jambes lui refusant le service. Les doléances ont commencé à la naissance de son dernier enfant, il y a près de deux ans. Depuis ses couches, elle a senti constamment une douleur en même temps qu’une fatigue aux reins, une faiblesse excessive des membres inférieurs, s’accusant avec une intensité particulière aux époques. Celles-ci étaient du reste plus abondantes, et, pendant les intervalles, il existait de fortes pertes blanches. En même temps, la moindre émotion donnait lieu à d’intenses attaques de nerfs. — L’examen révéla l’existence d’une métrite avec rétroversion utérine très prononcée. Le traitement comprenait outre l’application d’un pessaire Hodge et des cautérisations de la surface interne de l’utérus, l’usage des douches froides, du courant constant et de l’eau minérale. — Ce n’est qu’au bout de quatre semaines qu’on pouvait constater un commencement d’amélioration des mouvements, tandis que le traitement, excitant au plus haut point, accablait la pauvre patiente par le retour incessant d’attaques de nerfs violentes. On tint bon malgré tout, et nous eûmes le bonheur de voir la patiente au bout de six semaines se soutenir au moyen d’une canne et faire quelques pas. De retour dans ses pénates, elle a vu l’amélioration continuer, et au bout de quelques mois ses jambes avaient récupéré leur force d’autrefois. Depuis, cette personne eut un troisième accouchement qui s’est opéré dans les meilleures conditions et n’a pas laissé la moindre suite fâcheuse.