Modorf-les-bains/13

Imprimerie Joseph Beffort (p. 84-86).

Le lymphatisme.

Malgré l’extrême fréquence de ces affections, et malgré que les plus grands anatomistes et pathologistes aient entrepris ce sujet, leur véritable nature n’a encore pu être révélée. Depuis que le professeur Koch a découvert, il y a quelques années, le bacille de la tuberculose, non seulement dans le poumon phthisique, mais encore dans les inflammations articulaires malignes, dites fougueuses, ainsi que dans d’autres affections locales de la peau et des os qui furent auparavant qualifiées de scrofuleuses, le champ du lymphatisme s’est considérablement rétréci. Nous disons donc d’un sujet qu’il est lymphatique, quand il présente une grande vulnérabilité de l’organisme, quand, pour des causes insignifiantes, on voit survenir chez lui des inflammations de la peau, des muqueuses, des os, qui suivent une marche chronique, torpide, et entraînent régulièrement la participation des glandes lymphatiques Ces dernières se remplissent d’exsudats indolents et montrent une tendance marquée à la suppuration. La caractéristique est donc une débilité, une vitalité inférieure de la substance corporelle transmise par l’hérédité, ou acquise par toutes les fatales influences qui peuvent s’exercer, au moment de la conception, sur le germe du futur être humain. De tout temps, ces constitutions morbides ont été heureusement modifiées aux eaux chlorurées sodiques iodobromurées, comme à Kreuznach, Hall en Autriche, Balaruc, Niederbronn. Elles constituent en quelque sorte le spécifique de ces sortes d’affections, et il serait superflu de répéter en cet endroit tout ce que les traités donnent au long et au large à ce sujet. Entre autres, le docteur Marchai de Mondelange, un des balnéologues les plus distingués de la France, doublé d’un chirurgien de mérite, a publié dans ses «Observations cliniques sur l’action des eaux de Mondorf», un grand nombre de guérisons remarquables, obtenues par l’usage de ces eaux dans des affections très graves, dues au lymphatisme. Notre station, avec son eau si énergique, ses bains, sa situation dans une belle et saine campagne, peut sous ce rapport revendiquer la qualification de «Kreuznach luxembourgeois ».

Le régime dans les différents états d’anémie, de faiblesse constitutionnelle, que nous venons de passer en revue, n’offre guère beaucoup de considérations spéciales. Comme la nutrition est une des parties essentielles du programme thérapeutique, que l’appétit se trouve ordinairement peu développé dans ces états, la première indication sera de faire manger, et de faire manger le plus possible. Inutile d’insister sur tel ou tel aliment ; l’essentiel, c’est que le malade prenne quelque chose. Tous les aliments sont nourrissants et renferment des matières nutritives capables de restaurer le corps, et leur qualité peut parfaitement être équilibrée par leur quantité. Il faut faire une seule exception pour le café et le thé, lesquels, comme nous avons vu, mettent une sourdine à l’appel de l’estomac. On recommande plutôt les crudités, les salaisons, les salades, les mets épicés, tout enfin ce qui pourra provoquer l’appétit.

Les cures de lait et de raisins, méthodiquement instituées, ont l’avantage d’introduire dans l’organisme une grande masse de substances nutritives d’une digestion facile. Elles constituent une sorte d’entraînement nutritif. On peut les pratiquer fort bien à Mondorf, où se trouvent les matières premières d’une qualité remarquable.