Mirages (Renée de Brimont)/Regarde tomber cette averse…

XLIV

Regarde tomber cette averse tiède
sur le jardin gourd si plein d’été.
C’est un vague murmure répété
de goutte en goutte et qui nous berce…
Des odeurs de terre mouillée et de foin
nous arrivent par la fenêtre où je m’appuie,
et le soleil à travers cette pluie
s’insinue encore, mais de loin,
comme un amant essayant d’une feinte…
Volupté de la demi-teinte ! Douceur
des murmurantes et fraîches buées !
— Regarde, regarde les branches remuées
qui s’émeuvent d’aise et de langueur
au jardin pluvieux, cœur de mon cœur…
Mais la parole n’est-elle inutile
devant ces fluides et subtiles musiques ?