Mirages (Renée de Brimont)/Pour la rose rouge

MiragesEmile-Paul Frères (p. 73).

À LA ROSE ROUGE

Et vous si multiple, Cramoisie,
au bord de l’uni bassin dormant
où s’attarde ma fantaisie ;
vous, Odorante, qui persistez
comme un regret dans la brume chaude,
et dont mes mains s’imprègnent longuement ;
vous, effeuillée sur l’émeraude
visqueuse des eaux, pétale à pétale…
Rose, n’êtes-vous la sanglante beauté
dernière des mourants étés ?
Ou peut-être, livrée à l’aile brutale
des nocturnes désirs,
Rose, n’êtes-vous parmi les vierges sages
que cette pudeur montant à leur visage ?