Midraschim et fabliaux/Sources/L’Agneau


Imprimerie Vve P. Larousse et Cie (p. 81-82).

Après la promulgation du Décalogue, les Israélites dirent à l’Éternel :

Tu nous défends d’attenter à la vie, à l’honneur et aux intérêts de notre prochain.

Tu nous défends de mentir, de convoiter, de rendre injure pour injure et de rendre coup pour coup.

Mais si cette défense n’est pas adressée aux autres nations de la terre, nous deviendrons, hélas! leur victime.

L’Éternel répondit :

Mes fils, quand j’eus créé l’agneau, il vint à moi et me dit :

Seigneur, tu ne m’as donné ni griffes pour déchirer, ni dents pour mordre, ni cornes pour frapper, ni pieds agiles pour fuir ; que deviendrai-je au milieu des autres animaux si la force n’est pas avec moi ?

Et je répondis à l’agneau : Préfères-tu donc à ta faiblesse la cruauté du tigre et le venin du serpent ?

— Non, Seigneur, me répondit l’agneau, je préfère ma faiblesse et mon innocence, et je te remercie d’avoir fait de moi le persécuté plutôt que le persécuteur.

Ainsi de toi, ô mon peuple Israël ; tu seras un agneau parmi les nations : qu’elles te déchirent, qu’elles t’immolent, ton triomphe sera dans ta douceur, dans ta résignation et dans ton innocence (Midrasch Rabba).

Hippolyte Rodrigues (Justice de Dieu,
pages 79 et 80, traduction libre).
D’après Midrasch Rabba, fin du 5e chapitre, Talmud.